Nous arrivons donc du Monténégro, il fait toujours aussi moche de ce côté de la frontière, mais les gens nous saluent plus facilement. Les champs alentours sont complètement inondés et certaines maisons sont dans l'eau... la rivière est sortie de son lit avec toutes les récentes précipitations.
Nous arrivons à Shköder au bord du lac du même nom. La rivière atteint presque le pont à l'entrée de la ville.
Premières impressions : il y a beaucoup de vélos, super ! Nous n'en avions vu ni Croatie ni au Monténégro (hormis les cyclotouristes). La pratique de la bicyclette parapluie à la main semble de rigueur ici lorsqu'il pleut. On voit quelques étales de fruits et légumes.. ambiance déjà plus rurale que dans les pays précédents.
L'appartement de Chuck et Susan est à côté du stadium donc facile à trouver... On arrive devant le bâtiment, un logo warmshowers est peint sur le mur devant la porte... ce sont des pros !
Super accueille une fois encore. Nous ne sommes pas seuls, 2 hollandais, Robert et Lynn, en voyage vers l'Asie eux aussi sont là depuis 3 jours.
A peine arrivés Susan nous propose une excellente "chicken soup" et nous passerons une belle soirée à discuter de sujets variés avec eux. Ce sont vraiment deux personnages, ils voyagent en vélo couchés depuis des années et ont hiverné dans un village perdu dans les montagnes du Monténégro... Ils accueillent quasiment tout le temps des warmshowers (au point de faire de l'ombre à l'auberge de jeunesse locale). Leur mojo : rendre à la vie ce qu'elle leur a donné. Ils se disent faire partie de la "lucky generation" et s'inquiète pour la notre au rythme où vont les choses.
Nous parlons de Trump forcément, pour Chuck ce n'est pas lui le problème, ce sont les Américains, il nous dit que l'Amérique est profondément raciste et que Trump ne fait qu'enlever "le sucre glace sur le vinegar-cake qu'est le pays".
Nous en apprenons un peu plus sur l'Albanie, ils adorent ce pays et ses habitants. Les prix sont très bas ici, notamment pour les soins : 20€ pour avoir une radiographie et l'analyse d'un radiologue ! "Cela coûte moins cher de prendre l'avion pour Tirana et se faire faire une couronne ici que de le faire aux USA" nous lâchent-ils.
Robert et Lynn nous introduisent sur un groupe Whatsapp de cyclos se dirigeant vers l'Est et la Route de la Soie.. ça y est on fait vraiment partie de cette (grande) famille de "pèlerins"à vélo !
Après une matinée à retourner dans tous les sens l'itinéraire que nous allons suivre en Albanie puis en Grèce (de l'un dépend l'autre), nous décollons finalement à midi de Shköder direction Tirana. Nous voici donc partis à la découverte de l'Albanie, pays montagneux assez méconnu par chez nous.
Pour aller plus vite direction sud et éviter le réseau secondaire inondé, nous prenons "l'autoroute", la route principale direction Tirana, la capitale. Les voitures roulent assez vite mais la route est large et nous nous sentons tout de même plutôt en sécurité (bien plus que sur la D17 pour ceux qui ont suivi !). Le temps s'est nettement amélioré depuis ce matin, on a presque du ciel bleu ! Quel luxe ! On découvre des sommets enneigés au loin et les petits vendeurs de légumes installés sur le bord de la route. Soudain, nous apercevons au loin 2 cyclos venant en sens inverse, on se voit de loin car les vélos chargés et les sacoches souvent colorées sont faciles à identifier. Nous traversons la chaussée pour nous arrêter, ce sont des Lyonnais, Nicolas et Christiane. Ils nous expliquent leur itinéraire albanais qui nous plaît bien. Banco ! On va suivre plus ou moins le même, "exit" tous les plans élaborés le matin... On va éviter Tirana et viser Durrès plus à l'ouest, et rester dans la plaine côtière jusque Fier. Ils se rendent chez Chuck et Susan et nous parlent de leur Warmshowers en Grèce chez Kostas le boulanger de Zitsa, passage de témoin, échanges de bons procédés et de numéros de téléphones pour se donner des nouvelles ou se poser des questions.
Nous repartons vers le sud et sortons de l'autoroute selon les indications de Christiane car à partir de Lezhë elle devient une véritable 2 fois 2 voies. Dans la campagne albanaise, le pays donne une sensation de "work in progress", la plupart des maisons ne sont pas finies, on en distingue plusieurs types : la structure vide, la maison à étage (RDC + 2) avec un seul étage de terminé (en général au milieu ou en haut), la maison en rez-de-chaussée avec colonnes en béton armé et escalier en prévision d'un étage supplémentaire et la maison terminée. Le stade ultime de cette lente évolution étant la maison terminée et peinte ! Nous apprendrons plus tard que les maisons abritent en général plusieurs générations et sont donc construites pour être grandes mais avec le minimum de fondations (car c'est le plus cher), donc on construit en hauteur. De plus les albanais construisent en général une partie fonctionnelle pour habiter... puis font le reste plus tard lorsqu'ils ont l'argent pour. Une autre raison pour toutes ses constructions inachevées est que l'ont peut à priori démarrer la construction de sa maison avant d'avoir le permis ce que beaucoup de gens ont fait à une époque favorable mais ensuite le gouvernement a resserré la visse (ou possiblement augmenté les taxes) et nombre de projets ont été abandonnés. Nous longeons une immense usine désaffectée, témoin d'une époque plus prospère, la population semble avoir démoli certains bâtiments pour en récupérer les briques (plutôt jolies par ailleurs).
Nous découvrons avec plaisir que les albanais sont effectivement enthousiastes à voir des cyclo-voyageurs, on nous klaxonne (ce qui nous surprend parfois mais c'est quasiment tout le temps bon enfant), nous interpelle. Les jeunes enfants apprennent l'anglais dès l'école primaire, à la différence de leurs ainés, et nous gratifient d'un "Hello ! Where are you from ?".
Au détour d'un village on s'achète quelques fruits et légumes en bord de route, je fais alors connaissance avec les prix albanais, en fait ils parlent en dizaines, donc 15 signifie 150... pas facile de comprendre sans parler un mot de la langue, on s'est limite engueulés avec la commerçante.
Le coucher du soleil approche, nous sortons de la route en espérant trouver un lieu pour poser la tente. Le problème des zones rurales exploitées est qu'il y a des habitations et des gens partout ! Surtout en cette fin de samedi après-midi. On nous regarde curieusement, effectivement nous faisons un peu tâche dans ce décor, nous ne nous sentons pas très à l'aise. Il est tard, aucun spot en vue et beaucoup de champs sont inondés. Nous avons vu un peu avant un panneau indiquant un hôtel, repli stratégique, on sait que les hôtels sont peu chers en Albanie. Le tenancier s'avère très sympathique surtout une fois qu'il a vu que nous sommes capables de communiquer avec lui en italien. En voyant la chambre on se sent presque coupables, "on n'est presque trop pouilleux pour le lieu" lâchera Clarisse, mais bon pour 20€ à 2 on ne s'en veut pas longtemps. Tant qu'à se sentir coupables, on ira même jusque manger au restau de l'hôtel.. copieux repas pour 1270 Leke soit à peine 10€, à ce tarif pourquoi se priver. Nuit reposante et confortable sauf qu'en nous découvrons à 1h du matin que l'isolation phonique laisse à désirer avec la chambre voisine, peut-être pétrissaient-ils du pain à côté à grand renfort de cris tendancieux...
La suite de la route vers le sud et vers Fier amènera son lot de surprises et de déconvenues. Sur cette côte urbanisée où nous suivons le tracé de l'autoroute, on peut voir toutes les facettes de l'Albanie. On y verra se succéder : magasins de pièces détachées auto (de morceaux de voitures plutôt), lavage-auto, terrains vagues herbeux avec un troupeau de brebis, magasins flambants neufs, ancien bunker, vaches seules attachées à la rambarde de l'autoroute broutant les talus...
Les véhicules sont tout aussi hétéroclites : calèches, vieilles Mercedes, d'autres Mercedes sorties tout juste de la concession, ânes... tout est là ! Les Albanais adorent aller au lavage-auto (Lavazh en albanais, prononcer lavage comme chez nous), il y en a tous les coins de rue et et en ce dimanche tous sont occupés.
Le problème de suivre l'autoroute est que la plupart des routes y mènent ! Nous nous efforçons de l'éviter et avons plusieurs fois atterris sur des routes non bitumés et détrempées par la pluie. Les nerfs commencent à atteindre leur limite. Encore une voie sans issue, décidément Maps.me nous aura donné du fil à retordre ce jour-là et nous décidons de ne plus suivre les routes qu'il nous propose. On fait demi-tour et un homme âgé qui nous a vu passé la 1ère fois (rebaptisé "papy-les-bons-tuyaux") attend notre retour pour nous dire qu'il faut traverser l'autoroute par le pont pour prendre une contre-allée de l'autre côté, qui n'est pas sur nos cartes numériques. Son petit-fils qui parle anglais nous confirme, googlemaps à l'appui. En tout cas tout le monde cherche à nous aider, c'est déjà ça ! On passe de l'autre côté et une autre personne nous fait signe que ça ne passe pas, il faut prendre l'autoroute... ça commence à nous énerver un peu. On ignorera sa recommandation car nous faisons confiance au jeune et à la vue satellite de googlemaps, bon choix. On finira tout de même par prendre une portion d'autoroute qui s'avèrera tout à fait convenable, nous trouvons même les albanais relativement prudents envers nous !
Nous verrons, tout au long de notre traversée du pays, de très nombreux contrôles routiers, peut-être le signe d'une tentative de diminution de la mortalité routière, sûrement très élevée au vue du nombre de stèles sur le bord des routes. Cela n'empêche pas certains conducteurs de rouler bien au-dessus de la limite carrément devant la police... un des nombreux paradoxes de ce pays.
Nous visons pour l'étape un parc naturel autour d'une lagune qui paraît sympathique. Nous traversons une belle forêt de pin avant de déboucher dans une sorte de mini-station balnéaire couplée à une colonie de vacances avec des airs post-apocalyptiques : on y arrive sous un ciel menaçant et on dirait que c'est abandonné, pourtant les poubelles sont pleines, preuves d'une vie récente (peut-être des picnics du dimanche). La tempête essuyée au Monténégro a clairement frappé la région car de nombreux arbres sont couchés. Nous trouvons un coin agréable et nous pouvons même manger sur des tables de picnics abritées, il se met à pleuvoir quand la tente est montée, Georges est à l'abri : ce 1er bivouac albanais est un succès.
La météo n'est pas encore au beau fixe mais on va vers du mieux. En bordure de la lagune sont cultivés surtout des choux et des poireaux, ces derniers sont d'une taille démesurée : plus d'1 mètre de haut ! Direction Fier, 1ère vraie ville que nous traversons depuis Shkodër. Nous allons voir le centre pour notre pause de midi et nous tombons sur une place avec de nombreuses tables où les "papex" (terme non-conventionnel que nous utilisons signifiant "le papy du coin") jouent aux cartes, aux échecs... parfait pour se sentir au cœur de la vie albanaise !
A la sortie de la ville nous commençons à grimper et sortons enfin de cette morose plaine, nous prenons de l'altitude et les kilomètres parcourus ces 2 derniers jours s'étalent sous nos yeux : "on vient de tout là-bas !". Quel plaisir d'avoir enfin un peu de perspective ! Dommage que le ciel soit encore chargé et nous cache la chaîne montagneuse à l'est de Tirana. 1Ère ascension et donc 1ère descente depuis plusieurs jours ! Nous retrouvons l'agréable sensation de vitesse qui signifie moins d'efforts.
La route est superbe et calme... tout le contraire de la journée de la veille ! Nous retrouvons le sourire. Nous ne suivons plus Maps.me et poursuivons par la route principale, la SH4 qui est large, toute neuve et plutôt déserte. Au détour d'un virage nous sentons une odeur de bitume frais... et nous tombons nez à nez avec un petit puit de forage pétrolier en bord de route ! Improbable !
Il est 18h, dans 1h il fait nuit et nous n'avons pas encore trouvé de lieu où dormir. Nous nous engageons sur une petite route, grimpons dans les champs d'oliviers pour trouver un coin propice, chou blanc... Un homme arrive à dos d'âne : "you need help?", je lui demande "you speak english?", il me répond "of course!" (pas si "of course" que ça en Albanie habituellement !).
Ce sont ses champs, il nous invite chez lui, il habite dans une ferme un peu plus loin avec toute sa famille : sa mère, sa femme, ses deux enfants ainsi que sont frère, sa femme et leur 3 enfants, vie entre génération telle qu'elle était habituelle par le passé.
Nous découvrons une immense maison sur 3 étages similaire à de nombreuses vues sur notre route, toute peinte (il est arrivé au stade final lui !) plantée à côté d'une bergerie et de vieilles bâtisses. Sa famille a toujours habité là, son grand-père était meunier, c'est un ancien moulin à eau. Chèvres, brebis, quelques vaches, poules, oies, dindon, coq... tout y est. Il nous installe dans l'ancienne maison de pierres. Pas toute jeune mais encore debout et la pièce avec le lit est presque propre (dans l'autre pièce le plafond s'écroule), et les toilettes fonctionnent !
Beni parle anglais car il a migré clandestinement vers la France à l'âge de 19 ans pour fuir la pauvreté de l'Albanie. Il nous confiera que la police française envoyait volontiers les clandestins vers l'Angleterre (ou en tout cas ne les retenait pas) où il a donc terminé sa route. Il y est resté plusieurs années à travailler dans le bâtiment ou dans des entrepôts, bien entendu il ne parlait pas anglais en y arrivant. Difficile d'imaginer une telle vie pour nous. Il est rentré au pays pour construire la maison et aider son frère avec la ferme car leur père était malade.
Nous sommes invités à dîner, le sourire de la grand-mère nous fait comprendre que nous sommes vraiment les bienvenus, elle nous offre même des chaussons en laine qu'elle a tricotés ! Les femmes s'affairent pour préparer le repas des enfants puis des 2 frères (et le notre), on nous régale avec un copieux repas issu de leur production : agneau, pain, faisselle, fromage et riz (bon ça il l'achète). Ils vivent quasiment en autonomie. On fini nos assiettes malgré la quantité astronomique, c'est tellement bon...
Nous en apprendrons pas mal sur l'Albanie en discutant avec Beni, on sent qu'il est content de partager et de parler anglais. Le gouvernement albanais taxe énormément tout ce qu'il peut, par exemple l'essence est plus chère qu'en France (quand on voit le niveau de vie, c'est un produit de luxe !), il nous confie que les gens ont l'héritage du communisme et n'aiment pas travailler, ils préfèrent passer leur vie au café (Beni n'arrive pas à garder quelqu'un pour aider sur la ferme, même en le payant bien nous dit-il: 250€/mois). C'est vrai que nous nous sommes demandés si les gens travaillaient vu le nombre de gens dans les cafés !
Il nous explique aussi que l'Europe ne veut pas de l'Albanie car pays "musulman" mais il nous explique que les albanais boivent, fument... et ne sont pas plus musulmans que la plupart des français ne sont catholiques, simplement ils ont un héritage islamique issu de l'Empire Ottoman. Nous n'avons effectivement vu que des signes discrets de la présence de l'islam : finalement c'est un peu comme la campagne française où les clochers des villages sont remplacés par des minarets, nous n'avons vu qu'une seule femme voilée durant tout notre séjour.
Il nous confie que la vie est dure en Albanie, l'école y est gratuite et obligatoire dès 6 ans mais le gouvernement n'aide vraiment pas la population, il aimerait élever ses enfants dans un autre pays mais pas facile de quitter la ferme sans trouver quelqu'un pour le remplacer. Il nous parle de sujets qui nous touche : la viande argentine se vend moins cher que la viande locale, idem pour le lait venant du bout du monde (Nouvelle-Zélande), bref les aberrations de la mondialisation touchent tous les pays et impactent ceux qui veulent vivre de la terre où qu'ils soient.
Nuit agitée car extrêmement pluvieuse. Clarisse est inquiète : elle trouve cet accueil trop chaleureux pour être naturel, c'est pourtant le cas, et elle craint que le plafond ne nous tombe dessus avec toute cette pluie... effectivement ça coule dans toute la pièce sauf sur le lit ! On a beaucoup trop mangé aussi pour dormir bien, enfin, de mon côté les 2 verres de grapa font leur boulot et me plongent rapidement dans les limbes. On est très contents d'être à l'abri vu la douche nocturne !
Réveillés par le chant du coq, nous attendons que notre hôte viennent nous voir, après avoir amené au bus les enfants assez grand pour aller à l'école. Il nous demande si nous voulons un café, ok pourquoi pas. On repartira finalement avec un panier garni que nous rangeons pour le moment.
Il fait beau ce matin mais Beni nous prévient qu'il va sûrement repleuvoir. Il nous donne quelques informations sur notre destination du jour Permët, c'est là où il met ses brebis pour l'estive. Il nous dit de demander pour planter la tente près d'une habitation ou une station service, surtout pas en pleine nature : on ne sait jamais si quelqu'un de mal intentionné ou des animaux nous attaquent... nous
le trouvons vraiment inquiet pour pas grand chose. Les albanais ont tous des chiens et des jolis clôtures et portails pour se protéger... de quoi ? Nous ne savons pas trop, nous n'avons pas trouvé que le pays semblait si dangereux que ça.
Nous partons donc sous le soleil pour une belle montée de 10km sur la grande route, large et toute neuve avec une bande latérale qui semble toute faite pour être une voie cyclable. De toute façon il y a peu de trafic. Avant la côte finale, nous prenons des forces avec les vivres offertes par la mère de Beni, nous découvrons oeufs durs, féta, beurre et pain... vraiment nous sommes gâtés et comblés par la générosité de cette famille. Nous continuons notre ascension forts de ce petit-déjeuner fermier.
Quelques dizaines de mètres avant le haut de la butte, quelques gouttes puis c'est la douche qui commence , c'est arrivé d'un coup ! La pluie est gelée, on se précipite sous une cabane qui tombe à pic pour se mettre à l'abri et on attend que ça passe, on voit bien que c'est un grain et que ça ne va pas durer... en tout cas heureusement qu'il ne nous est pas tombé dessus dans la montée ! Le jeune qui tient cette cabane, qui est en fait un kiosque de vente de produits laitiers (féta, lait) arrive et nous offre une poignée d'amandes non décortiquées, sympa.
Nous repartons pour la descente cette fois, après nous être changé en tenue de pluie. Même lorsqu'il ne pleut pas les sur-chaussures et le pantalon de pluie sont bien utiles pour ne pas se tremper avec les projections de la chaussée, ou aussi pour éviter de se mettre de la boue partout, ce qui nous a bien servi sur les routes non pavées albanaises ! C'est une belle descente et à 60km/h nous rattrapons carrément l'averse ! Dommage ! Nous continuons notre remontée de la Vojë, fleuve que nous suivons depuis la veille, et filons sur Tepelen à la croisée des routes menant en Grèce : soit par la vallée de Gjirokastër, soit par la vallée de Permët, nous avons choisi la 2e option car cela semble plus calme et les français nous ont parlé de sources chaudes naturelles...
On monte laborieusement à la ville par une côte bien raide pour prendre un thé et avoir une connexion internet pour étudier la suite du trajet, faire des demandes Warmshowers et donner ou prendre quelques nouvelles. On y fera une longue pause dans ce bar cosy, à 0,77€ le thé, on peut se faire plaisir.
Il y a en fait un raccourci pour rejoindre la route que nous voulons prendre et ne pas faire le grand tour du carrefour des rivières avec la route principale, il faut redescendre (damn !) et prendre un petit chemin qui amène à un long pont suspendu visible depuis le restaurant, c'est parti !
La remontée de la vallée direction Permët, toujours le long de de la Vojë est encore plus calme (lire désert) que la route précédente. Nous rencontrons nos 1ers chiens de bergers qui nous courent après (les chiens sont une inquiétude majeure du voyage, surtout quand on en parle avec d'autres cyclos !), nous sommes sur le plat alors nous arrivons à les semer mais du coup nous prenons quelques cailloux dans nos poches pour faire fuir les prochains si nécessaire, c'est ce que font la plupart des gens ici.
Nous passons une usine d'eau minérale (l'eau est donc pure par ici) puis dans un verrou qui débouche sur la vallée que nous allons emprunter. De nombreuses sources alimentent la rivière principale, marron de boue avec les récentes pluie, les sources sortent souvent directement de la roche et l'eau est limpide voire bleue ! Ce qui provoque d'incroyables contrastes de couleurs entre les différentes eaux ! Difficile de croire que c'est naturel. Le coin serait vraiment paradisiaque si les arbres des berges n'étaient pas décorés de sacs plastiques, ici c'est pas du "Land art" s'étonne Clarisse. On ne comprend même pas comment il peut y en avoir autant, le vent doit amener tous les déchets vers le lit de la rivière.
Nous cheminons toujours vers notre destination, les sources chaudes 10km après Permët. Nous longeons une chaîne de montagne, cette vallée ressemble à nos vallées pyrénéennes, avec champs et troupeaux, c'est très vert, il fait beau, quel contraste avec nos journées dans la plaine !
On n'arrivera finalement pas aux sources, 3km avant on s'arrête dans un beau champ caché de la route, il est déjà 18h30, la nuit arrive. De toute façon nous ne pensions pas nous baigner ce soir. Nous n'avons donc pas suivi les conseils de Beni... mais cela nous réussi car nous passons une nuit calme et reposante dans ce coin très peu peuplé.
Au lever du jour, il fait grand beau, enfin ! On l'attendait depuis longtemps le vrai beau temps qui doit durer ! Nous ouvrons la tente et avons une vue magnifique sur la chaîne de montagne enneigée, et son sommet le Nemërçke qui culmine à 2492m. Nous trainons au soleil pour faire sécher la tente (qui a tendance à fortement condenser à l'intérieur, nous ne maîtrisons pas encore bien l'aération du palace). Nous atteignons les sources chaudes, à côté d'un vieux pont ottoman, c'est magnifique ! C'est un bain fumant dans de l'eau bleue en bord de rivière et avec vue sur les montagnes enneigées, nous sommes heureux d'être venus ici. Nous sommes seuls mais rapidement une personne arrive pour se baigner, il a amené son chien et son chat ! Nous nous baignons dans cet agréable jacuzzi naturel (l'eau arrive du sol par des cheminées). Un peu plus tard une autre personne arrive en vélo, c'est Tomas, 63 ans, local de Permet qui vient se baigner tous les jours en vélo. Puis nous aurons quelques information sur le lieu par les propriétaires du terrain qui passent ce jour-là alors qu'habitant à Tirana, il y a en fait 3 bassins : 1 chaud (28 à 30°) avec des oligo-éléments donc bon pour la peau, un froid avec de l'eau qu'il faut boire car bonne pour l'estomac et un 3e plus loin pour les rhumatismes. C'est naturel et gratuit, en été il doit y avoir pas mal de touristes.
La 1ère personne qui était arrivée lave son chien dans la rivière puis nous offre 2 belles parts de tarte feuilletée aux épinards, tout ça sans que nous n'ayons parlé car il ne parle que albanais, nous avons juste apprécié ensemble ce lieu magique. Il repartira sans son chat qu'il ne trouve plus, pas vraiment étonnant dans cette nature ! Ca n'a pas l'air de trop le tracasser, drôle de personnage.
A la mi-journée nous partons donc pour la frontière grecque et nous visons Konitsa où nous avons contacté un warmshowers, mais ne savons pas encore s'il aura répondu, au pire nous irons à l'hôtel.
La route prend un peu de hauteur par rapport à la rivière, panorama superbe et nous voyons au loin derrière nous la brèche dans la chaîne de montagne que nous avons franchi la veille. Nous nous approchons du Nemërçke et de son imposant cirque en face nord.
Arrivés à Cashovë, dernier bled albanais sur notre route, nous nous offrons un jus de fruit dans un café voyant peu de touristes et nous achetons diverses bêtises pour finir les quelques Leke qu'il nous reste.
La pluie s'invite pour notre sortie d'Albanie... décidément ! Mais c'est une courte averse et nous traversons un superbe plateau en ligne droite jusqu'à la frontière des "Trois ponts". Le sympathique douanier écrit sur un bout de brouillon nos numéros de carte d'identité, on se demande s'il ne va pas le jeter dans les 5min qui viennent !
2ème poste frontière, nous voilà en Grèce, retour en UE, retour à l'Euro et retour au réseau téléphonique inclus dans nos forfaits français !
Bilan routier
Nous avons été positivement surpris par la conduite des albanais, quelques fous du volant comme partout mais les conducteurs notamment de poids lourds nous ont plutôt bien respectés, plus qu'en France ou en Croatie en tout cas ! Même l'autoroute ne nous a pas inquiétée. Peut-être que nous avons eu de la chance ?
Le réseau routier principal est en super état voir neuf, par contre il y a de nombreuses routes non pavées mais qui valent le coup d'être explorées... quand il fait beau ! Peut-être une idée un séjour VTT en famille dans les années qui viennent ?
Point positif, on trouve de l'eau potable au robinet partout en Albanie même en ville, donc pas de soucis de ce côté là.
Comme toujours, plus de photos ici
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