Long time no read pourrait-on dire ! Déjà un an que nous sommes rentrés et que nous avons retrouvé nos magnifiques paysages français. L'occasion de faire le bilan pour marquer cet anniversaire.
La neige nous avait accueillis le 5 mai 2019 à notre arrivée en France depuis Séoul, la météo de ces derniers jours nous le rappelle, comme un sursaut de l'hiver après des semaines bien printanières. Le monde pourrait paraître si semblable à l'an dernier, il est pourtant bien différent. Il y a 12 mois, qui aurait pu imaginer qu'une grande partie de la population mondiale soit confinée chez elle pendant de longues semaines. Qui aurait cru que l'homme se retrouve aussi démuni face à un ennemi microscopique. Nous revenions d'une année de liberté presque totale qui nous a vu traverser des milliers de kilomètres et des dizaines de frontières, et jamais nous ne nous serions doutés qu'un an plus tard la libre circulation pouvait être totalement remise en question par une pandémie mondiale. Plus que jamais, nous savons que nous avons eu de la chance, nous avons saisi le bon créneau pour notre voyage et si nous l'avions différé, peut-être que nous n'aurions pu aller jusqu'au bout, ni même prendre le départ. Il faut saisir les opportunités de réaliser ses rêves lorsqu'elles se présentent. Traverser le monde nous a permis de mesurer pleinement la chance que nous avons de vivre en France, la crise actuelle le démontre une fois de plus : nous sommes un des seuls pays au monde à avoir le dispositif de chômage partiel, et bien que tout ne soit pas parfait chez nous, il est évident que d'autres populations souffriront bien plus que nous des difficultés économiques et sanitaires liées au Covid.
Avec cette année de recul, c'est indéniable pour nous : un an de boulot passe bien plus vite qu'un an de vélo ! Que ces 12 mois sont passés vite ! Au point de nous angoisser un peu parfois : mais où donc passe le temps ? Tout au long des moments difficiles du voyage nous avons imaginer le retour au confort de la vie "normale" comme un graal, désormais nous repensons avec nostalgie à nos journées rythmées par les seuls besoins naturels et par le cycle solaire. Ce voyage nous a permis une réelle exploration de la dimension temps comme jamais notre vie ne nous en avait donné l'occasion. Il faut dire qu'on mesure d'autant mieux le temps quand on le rapporte à l'espace, 17000 km à vélo, c'est long, autant en distance qu'en temps nécessaire pour le parcourir ! Nous l'avons compris, le temps est ce qui a le plus de valeur dans notre vie, c'est la seule chose qui ne s'achète pas , qui ne se maîtrise pas. Notre vision de la vie s'en trouve ainsi bouleversée, il nous paraît essentiel d'avoir le temps pour nos projets, nos rêves, nos envies. Nous voulons prendre le temps de vivre, ne pas courir après le temps et se réveiller trop tard en se disant "je n'ai pas eu le temps".
En cette période inattendue, chacun redécouvre à sa manière ce temps, jusqu'à même une redécouverte de l'ennui pour certains, sentiment qui tend à disparaître avec la multiplicité des sollicitations du quotidien. Ce rythme effréné, nécessaire à la survie de la société de consommation, a pour conséquence de nous épuiser intellectuellement et de nous faire passer à côté de l'important. Il est grand temps de ralentir et de revenir à l'essentiel. Nous pouvons nous faire témoins honnêtes, le voyage à vélo est un bon remède au monde actuel. Il impose son rythme modéré, oblige à se débarrasser du superflu et permet de redécouvrir les bonheurs simples : bien manger, prendre une douche chaude (et avec de la pression si possible !), dormir confortablement, avoir un abri sous la pluie, la générosité... Tant de choses qui nous paraissent si normales que nous en oublions tout le bonheur qu'elles procurent. Nous avons tout pour être heureux, libre à chacun de savoir s'en rendre compte.
Savoir prendre le temps, signifie aussi se donner le temps d'agir. Agir pour changer le monde autour de nous. La bienveillance dont nous avons été témoins durant ce périple n'y est sûrement pas pour rien, le monde peut être un endroit formidable si chacun agit pour le rendre tel. Trop souvent nous nous contentons d'être spectateurs, de nous insurger, de râler, de protester, de commenter, mais quand passons réellement à l'action ? On peut parfois se sentir impuissant ou se dire que ce n'est pas à nous de le faire, mais nous avons tous la possibilité de changer le monde qui nous entoure : notre lieu de travail, notre voisinage, notre ville, notre cercle relationnel... encore faut-il avoir envie de prendre le temps nécessaire à cette action. Comme l'a si bien dit Henry Bergson, "l'avenir n'est pas ce qui va arriver mais ce que nous allons en faire" alors allons-y, il est toujours temps de s'y mettre. C'est ce qui nous anime depuis notre retour.
Nombreux sont ceux qui nous demandent comment se passe la reprise du travail après pareil voyage, après une année aussi exceptionnelle. Ce qui nous a sauvé à tous les deux, c'est d'avoir des projets avec du sens. Avoir un projet, c'est construire, c'est créer, c'est agir. L'action est le meilleur remède à l'ennui. Pour ma part, une évidence s'est imposée, mon quotidien se doit d'être épanouissant, sans quoi il sera difficile d'éviter la déprime post-retour. Ce qui m'a poussé me poser les bonnes questions, à faire constat honnête sur moi-même : qu'est-ce qui me fait vraiment plaisir ? où sont mes atouts ? En résumé à chercher mon ikigaï. L'alignement des planètes m'a permis de concilier envie d'agir autour de moi, développement personnel et quête de sens dans un projet d'entreprise tombé à point nommé. J'ai la conviction que le travail doit être source d'épanouissement, autant pour moi que pour les autres et j'ai plus que jamais la volonté d'apporter ma pierre à l'édifice pour y parvenir.
Pour Clarisse, ce projet existait déjà avant notre départ, elle est donc revenue plus motivée que jamais pour le réintégrer. En effet, quelques mois avant de quitter Annecy, elle fondait avec deux amies la marque de vêtements éco-responsables : Les Hirondelles. Leur mission : prouver qu'une mode éthique et responsable fabriquée en France est possible. Bien sûr, ce n'est pas de tout repos et la partie est loin d'être gagnée mais de beaux signaux laissent espérer que la marque va enfin décoller. En attendant, elles ont plus que jamais besoin de soutien par ces temps difficiles, alors si vous pensez renouveler votre garde-robe avec des vêtements de qualité pour la sortie du confinement, pensez à elles ;)
Evidemment, l'envie de repartir est ancrée au fond de nous, nous n'avons vu qu'une petite partie du monde qui ne peut que nous inviter à aller voir le reste. De nouvelles aventures, qu'elles soient lointaines ou juste à côté de chez nous, viendront forcément et font à jamais partie de nos plans de vie... à suivre !
Trêve de bavardages.
Passé ce petit bilan "d'anniversaire", nous voulions surtout vous offrir un peu d'évasion avant la fin du confinement, en vous partageant un condensé de notre périple en images... l'occasion de vous inviter au voyage.
Prenez soin de vous !
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