Pour rejoindre Khorog au départ de Dushanbé, deux solutions s'offrent aux cyclistes, suivre intégralement la M41, censée être la route principale mais qui est en mauvais état et qui franchi un col à 3200m, ou prendre la route sud, plus longue mais plus simple, empruntée par la plupart du trafic. Toutes deux se rejoignent à Qalai Khumb à partir d'où il reste encore 250km avant Khorog. Une bonne partie des cyclistes venant uniquement pour traverser le Pamir sautent les 500km séparant Dushanbé de Khorog en taxi, avec le recul nous comprenons pourquoi ce choix n'est pas idiot.
Il nous faudra 5 jours pour rejoindre Qalai Khumb via la route nord. Nous devons composer avec l'infernale chaleur de ce mois de juillet. Vu qu'il fait jour très tôt, nous essayons de nous lever à 5h (le réveil se fera de plus en plus tard, la fatigue s'accumulant de jours en jours) et nous n'avons d'autre choix que de nous arrêter de 12h à 16h à l'ombre. Mais la chaleur se fait sentir jusqu'au coucher du soleil, et nous avançons principalement le matin. Nous faisons connaissance avec le "syndrome du goudron mou" : les uns après les autres nous nous arrêtons pour voir si nous n'avons pas un pneu à plat car nous sentons que nous roulons mal. Non, c'est tout simplement que nous laissons notre marque dans le revêtement ramolli par la chaleur ! C'est assez drôle.
Dès le deuxième jour après avoir quitté Dushanbé, c'est au tour de l'asphalte de nous quitter. Le paysage est heureusement au rendez-vous pour nous réconforter. Au détour d'une vallée, nous tombons sur le chantier titanesque d'un barrage. Ce n'est pas tant le barrage qui est impressionnant mais la quantité de matière déplacée pour élargir la vallée et donc stocker plus d'eau à terme, le paysage en est totalement modifié et dans quelques années cette vallée sous les eaux. L'eau est une ressource naturelle importante du Tadjikistan et avec la fonte des nombreux glaciers du pays, il leur est crucial de la stocker... peut-être pour la vendre un jour aux pays en aval ?
Nous bifurquons dans la vallée de Tavildara, là nous quittons définitivement ce qui pouvait encore passer pour une route (nous sommes pourtant toujours sur la M41!). Nous alternons entre piste en terre défoncée, galets (confort équivalent à pédaler dans le lit d'une rivière asséchée), revêtement en pierres grossières... nous souffrons mais avançons tant bien que mal et sommes heureux de pouvoir nous ravitailler en sucre (RC Cola & Snickers power) dans les quelques « magazins » jalonnant la route. La vallée est parcourue par une rivière qui prendra parfois des tons bleus, gris, voire verts selon les sédiments qu'elle transporte. La vallée est largement irriguée et y poussent abricots et griottes en abondance.
Nous sommes rattrapés par Matis qui était parti avec nous mais avait fait un aller-retour à Dushanbé en taxi pour obtenir sont permis GBAO, indispensable pour accéder à la région autonome du Gorno-Badakhan, qui constitue tout l'est du Tadjikistan. Matis a 19 ans et bien que débrouillard et aventurier dans l'âme (je n'aurai sûrement pas fait la même chose au même âge) il est largement sous-équipé, voire naïf et donc passe son temps à nous « taxer » ce qu'il n'a pas. Ca finira par nous inquiéter et nous gonfler un peu...
Le col ne présente finalement pas une difficulté majeure si ce n'est que la route est raide et nous arrivons tous au sommet heureux. Nous profitons d'un superbe bivouac à 2500m, première nuit depuis longtemps où nous sortons nos duvets, quel plaisir de renouer avec des températures fraîches ! En haut du col se trouve un arrêt de bus, nous doutons qu'ils soient encore nombreux à passer par là, mais la route est tout de même fréquentée par de rares Lada déglinguées et minibus surchargés. Quelques bergers et leurs troupeaux ainsi que des panneaux invitant à la prudence pour cause de mines anti-personnelles (ce qui n'inquiètent pas les-dits bergers) complètent le tableau.
Il est tant de nous élancer vers Qalai Khumb et rejoindre la rive du Panj, fleuve frontière avec l'Afghanistan voisin. La descente ne fait pas moins de 30km pour 2000m de dénivelé. La route est une piste caillouteuse sillonnant à flan de falaise avec des passages particulièrement aériens. Avec notre poids il est difficile de ne pas prendre de vitesse et nous descendons bien plus vite que les autres malgré les mains sur le freins. Nos corps vibrent de toutes parts (Georges compris) et Bob fait des vols planés à l'arrière, ce qui fait bien rire Mario. Bien nous a pris d'attacher nos sacoches au cadre avec sangles et chambres à air usagées, sans ça nous en aurions perdu plus d'une (les attaches des sacoches Ortlieb vivent mal ce genre de descente, nous en avons quelques témoignages).
Nous nous demandons comment Matis arrivent à descendre avec ses pneus de vélos de route, en tout cas il suit. Quelques cabanes de fortunes jalonnent la descente d'où on nous hurle « tchoï » mais nous continuons notre descente infernale mais magnifique jusqu'à un checkpoint où on enregistre nos passeports et permis GBAO. Laura se fait offrir du miel par des apiculteurs en pleine récolte et le partage avec nous, il a un fort goût de fleurs comme du thym, le pied !
Nous retrouvons l'asphalte juste avant Qalai Khumb et c'est heureux que nous pouvons nous ravitailler dans un vrai supermarché pour la suite du parcours jusque Khorog. Matis continue le trajet en taxi, il ne trouve pas de gaz pour son réchaud et en a peut-être un peu marre de se faire rembarrer à chaque fois qu'il demande d'utiliser le réchaud de quelqu'un... Quand à nous, nous poursuivons avec Benoît, Laura et Mario, en suivant désormais les eaux marrons et tumultueuses du Panj.
Nous bivouaquons à quelques dizaines de mètres de l'Afghanistan, seule la rivière nous en sépare. Nous y voyons passer quelques mobylettes et minibus sur la piste longeant la rivière symétriquement à notre route, enfin leur route semble bien plus difficile et scabreuse.
Notre 1ère journée complète dans la gorge du Panj sera la pire du trajet Dushanbé-Khorog. Nous sommes désormais sur la route principale reliant les deux villes et donc empruntée notamment par des semi-remorques (heureusement peu fréquents). Cela ne l'empêche pas d'être dans un état pitoyable. La route fut asphaltée un jour mais elle est totalement défoncée sur de nombreux tronçons. Quand on voit les falaises surplombant la route on comprend pourquoi elle est dans un tel état : la montagne lui tombe dessus ! De nombreux passages n'invitent pas à traîner. La route a beau être « réparée » cela reste de la réfaction de fortune qui ressemble plus à un chantier de terrassement qu'à une route. Dans les quelques parties encore bitumées il y a tellement de trous qu'on se croirait dans les Ardennes en 1918.
Nous passons une partie franchement étroite du canyon creusé au fil des millénaires par la rivière, on peut apercevoir en face, en Afghanistan, le sentier de mules creusé dans le flan de la montagne, impressionnant travail humain. Clarisse craque lorsque deux énormes camions nous frôlent dans une côte en terre extrêmement raide. Sûrement un des pires passages depuis notre départ de France. Après 70km harassants nous trouvons enfin un endroit où planter les tentes, un petit cours d'eau nous permettra même de nous laver, comme nous avons pu le faire ces derniers jours, réconfort après une difficile et chaude journée. Le paysage est grandiose, côté Afghan nous pouvons voir des sommets enneigés qui dominent les villages et champs cultivés du bord du Panj. Nous sommes si prêt que nous entendons le muezzin appeler à la prière.
Les jours suivants se ressembleront. Nous poursuivons notre remontée du Panj sur la route parfois meilleure. Nous nous arrêtons pour acheter du RC Cola ou manger un plov à l'ombre durant les heures chaudes dans des bleds ne connaissant par le silence (les remous du Panj font un bruit constant de tous les diables !). Dans ces mêmes bleds les trop nombreux enfants se jettent sur la route pour nous taper dans la main à notre passage (on se demande où ils ont appris ça, regardent-ils le Tour de France ?) ou nous hurlent des "Hello ! What's your name" dès leur plus jeune âge avant même que nous n'ayons pu les apercevoir.
Entre les villages, la route joue comme toujours aux montagnes russes. Les camions nous doublent dans un nuage de poussière ou de gaz d'échappement (mieux vaut choisir le bon côté de la chaussée à leur approche). Les taxis 4x4 quand à eux nous dépassent comme des furieux dans un concert de klaxons, voire doublent des camions alors que nous sommes en face et nous insultent lorsque nous montrons notre mécontentement. Ce sont de véritables dangers publics, le Tadjikistan a la palme du pays où nous avons trouvé la route la plus dangereuse, malgré la faible densité de véhicules. La route est d'ailleurs en très mauvais état dans les villages et nous parions que c'est un moyen de forcer les véhicules à ralentir.
Nous nous approchons de notre destination, nous fatiguons, les jambes sont lourdes et la motivation commence à baisser. Nous arrivons à Rushon, dernière étape avant Khorog et le repos bien mérité. La ville est en pleine émulation car elle accueille ce jour les célébrations du Jubilé de Diamant (60 ans) de « règne » de l'Imam Karim Aga Khan, chef spirituel des Chiites Ismaéliens dont font partis les Tadjiks du Haut-Bardakhan. Tout au long de la région et même de l'autre côté du Panj, nous verrons des décorations et des slogans écrits à flan de montagnes « Welcome to our Diamond Jubilee » (preuve que de part et d'autre du fleuve, malgré une frontière marquée, les peuples sont bien similaires).
La fête se déplace de ville en ville (la vieille elle était à Khorog) et elle est notamment l'occasion d'un tournoi de lutte traditionnelle qui s'apparente au judo mais avec moins de règles, si ce n'est qu'une fois à terre le combat s'arrête, premier prix : un mouton ! Nous nous engageons dans la ville en espérant trouver un endroit pour dormir et un lieu pour regarder la finale de la coupe du monde de football. Il nous faudra peu de temps pour rencontrer l'accueillant Merhab qui nous invite chez lui, il travaille dans un hôtel à Dubaï et parle très bien anglais. Il est revenu au village pour les vacances. Il nous annonce que nous allons même pouvoir voir le match sur le grand écran installé dans le village : mission accomplie ! En attendant le coup d'envoi nous l'accompagnons voir le tournoi de lutte et il nous parle un peu plus de cette fête et de la vie dans ce coin du pays.
Les ismaéliens prônent un islam très tolérant. Le richissime Aga Khan est un grand philanthrope, il vit en France depuis des années (dans l'Oise) et possède de nombreux chevaux de course parmi les plus célèbres du monde (pour les amateurs les jockeys portent casaques vertes et épaulettes rouges). Il est un leader spirituel écouté avec attention par les 15 millions d'Ismaéliens du monde. Merhab nous expliquera qu'il a dit à ses fidèles qu'apprendre l'anglais est important aujourd'hui, c'est pourquoi les Tadjiks de la région, enfants ou adultes, apprennent tous la langue de Shakespeare (la mère de Merhab nous montrera un livre pour enfant avec lequel elle apprend). L'Islam nous dévoile une nouvelle facette moderne et ouverte, on est très loin des extrémistes qui en font la mauvaise publicité.
Nous sommes heureux d'avoir rencontré ce jeune homme, nous lui souhaitons beaucoup de réussite (parlant anglais, farsi, russe et un peu arabe, il part avec de bons arguments). Nous dormons dans une grande pièce typique des maisons pamiries, au centre du plafond une ouverture permet l'évacuation de la fumée du poêle. La pièce est toute neuve (la maison aussi) et bien qu'elle soit construite de manière traditionnelle, elle ne sera probablement jamais utilisée comme le voudrait la tradition.
La coupe du monde aura pour nous été l'occasion de découvrir le fort engouement pour les « grandes équipes » de la part de la population de ces pays d'Asie Centrale, amateurs de football mais sans équipe nationale qualifiée. Les Griezman et autres M'Bapé ont remplacé les noms des présidents (de Mitterand à Macron) ou de nos acteurs (de Louis de Funès à Depardieu) comme références françaises dans la bouche de nos rencontres.
Clarisse a commencé à se sentir mal en arrivant à Rushon, peut-être un coup de chaud. Les 60km nous séparant de Khorog seront difficiles, heureusement l'asphalte est de bonne qualité sur cette portion et les abricotiers bordant la route nous délectent de leur succulents fruits (nous sommes à 2000m et il y a des abricots à foison !). Laura et Benoît ont quand à eux opté pour le taxi car Laura était trop faible au réveil. La vallée s'élargit et le Panj est plus calme, il paraît presque un lac par endroit. Nous trouvons le trajet monotone, cela fait 9 jours que nous pédalons, nous avons grand besoin de repos. Nous parcourons cette dernière étape dans la matinée avec Mario, et tous les trois nous sommes plus que soulagés d'atteindre Khorog pour le déjeuner. La ville est nichée dans une vallée entourée de montagnes abruptes. C'est la capitale de la région et nous allons donc pouvoir y faire le plein avant d'attaquer la véritable route du Pamir. Nous filons à l'hôtel qu'on nous a recommandé et nous posons nos valises pour une halte de plusieurs jours afin de recharger nos batteries.
Bon ben Clarisse est officiellement malade, nous y échappions à peu près jusqu'ici malgré un petite tourista à Dushanbé. Nous filtrons toute notre eau depuis lors mais cela n'aura pas suffit. Difficile de savoir ce qui a pu la contaminer, surtout que je vais bien alors que nous mangeons strictement la même chose... La fièvre et l'avis d'un médecin local la convaincront de prendre des antibiotiques malgré sa réticence. De mon côté j'arrive à Khorog avec une forte envie de manger des légumes (qui ne se vendent quasi pas dans cette région : les habitants n'ont nullement besoin d'en acheter puisqu'ils en font pousser, à l'instar du pain qui ne se trouve que chez les gens). Je fais donc un tour au marché et achète tomates et concombres : ce sera l'erreur de parcours car je tombe malade la nuit suivante. Nous voilà donc en quarantaine tous les deux. Nous restons du coup à Khorog 4 jours au lieu des 3 prévus initialement et voyons repartir Mario, Laura et Benoît avant nous.
Ce jour de repos supplémentaire nous permettra de revoir avec plaisir Jonathan et Sarah que nous n'avions pas revus depuis la Turquie et aussi Jean-Philippe (a.k.a la machina Basque) qui arrive après avoir parcouru la même route que nous en 6 jours. Pour notre dernier soir nous nous faisons un petit dîner entre français dans la plus européenne des adresses de la ville.
Requinqués mais toujours pas au top nous repartons de Khorog par la route la plus « facile » : la M41. Trois possibilités s'offrent aux cyclistes du nord au sud : la M41 (la route principale), la vallée de Shokhdara (que nous voulions emprunter à l'origine) et le corridor de Wakhan, que la plupart empruntent. Cette dernière vallée permet de longer le « doigt » de l'Afghanistan, aberration géographique qui servait de zone tampon entre les empires russe et anglais. La vallée est paraît-il magnifique mais la route très mauvaise ce qui nous dissuade de nous y rendre. Nous voilà donc parti pour la réelle « Pamir Highway », comprendre "haute route" et non "autoroute", bien que ces dernières années elle n'est été qualifiée d'autoroute à cyclistes. Nous en croiserons effectivement pas mal tout au long et Khorog est le lieu approprié pour se rencontrer et échanger des informations.
Nous optons donc pour la route car elle est asphaltée sur quasi tout le trajet. Nous ne regretterons pas notre choix car les paysages sont superbes et surtout nous sommes hyper faibles. Nous peinons alors que la route est bonne et monte tranquillement, nos intestins en convalescence post-traumatique (poste guerre nucléaire pour Clarisse et ses antibios) n'auraient pas survécu aux vibrations d'une piste caillouteuse. Notre rythme particulièrement lent nous permet une acclimatation en douceur : nous mettons 3 jours à atteindre 3900m. Nous traversons sur le chemin de nombreux villages où les enfants sont toujours aussi nombreux et vendent des seaux de fruits (mûres, griottes, abricots) pour trois fois rien aux quelques véhicules passant par là. Le trafic est faible : quelques 4x4 le toit surchargé de bagages ou d'énormes sac d'oignons et quelques semi-remorques se rendant en Chine. Nous en venons malheureusement à éviter les contacts au maximum car nous sommes trop faibles pour avoir la motivation d'entreprendre une discussion en pseudo-russe. La Tadjikistan doit se révéler pleinement à quiconque maîtrise le russe, les Tadjiks étant particulièrement accueillants et sympathiques nous sentons que nous passons vraiment à côté de quelque chose.
Passé Jelondy, nous campons au pied de la première vraie difficulté du trajet, un col à 4200m, le Koizetek pass. Les trois cents derniers mètres sont raides et la route n'est pas goudronnée, nous préférons donc l'attaquer à la fraîche le lendemain, l'altitude nous invitant à la sieste. Ce bivouac en bord de rivière sera des plus agréables, surtout que nous arrêtons assez tôt pour réellement en profiter. Finalement le rythme « petite » journée nous va bien (tout est relatif vous nous direz puisque nous faisons tout de même entre 40 et 60km à plus de 3000m d'altitude), nous allons donc poursuivre le Pamir comme ça. De toute façon nous sommes beaucoup moins pressés par le temps qu'avant l'Iran où nous avions rendez-vous et nous pouvons profiter largement de l'Asie Centrale.
Nous battons notre record de lenteur dans cette ascension : 3,4km/h sans problèmes d'équilibre tout en pédalant ! Le braquet choisi pour le tandem est parfaitement adapté aux montées difficiles et nous permet de grimper lentement sans avoir à pousser notre limousine. Nous sommes rattrapés en haut de la côte par Andreas, un allemand à vélo qui est lui aussi dans le groupe WhatsApp duquel nous faisons parti (groupe qui regroupe désormais plus de 80 cyclistes allant vers l'Est !). Nous l'attendons et entamons la descente sur le plateau lunaire du Pamir en sa compagnie. Le paysage est hostile et aride mais magique. On voit tout de même ça et là une habitation, un troupeau de chèvres et brebis surveillé par un berger solitaire. La vie doit être rude ici, nous nous demandons s'ils y passent l'hiver ou descendent dans la vallée. La route redevient asphaltée après le col, mais elle est en sale état, c'est incroyable la déformation que peut accepter le bitume sans se briser : la route fait des vagues.
Après quelques heures à monter-descendre sur ce plateau d'altitude entouré de sommets enneigés, nous arrivons en vue des lacs salés précédant la Alichur. Nous décidons de faire un détour pour voir les lacs Buyunkul et Yashikul. Nous avions à l'origine envisagé nous rendre dans la réserve du Zorkul qui prolonge la vallée de Wakhan le long de la frontière afghane. C'est en endroit magnifique mais extrêmement isolé avec environ 250km de piste et il nous fallait passer un col difficile pour y arriver, notre état de forme a eu raison de notre motivation et nous avons donc abandonné ce projet (ce sera l'occasion de revenir, en VTT plus léger cette fois !).
Les lacs sont magnifiques, la lumière de fin de journée les montrant à leur avantage. Dans la solitude du lieu nous apercevons un renard, la nature est livrée à elle-même, malheureusement nous ne verrons ni argalis de Marco Polo (mouflon local en voie d'extinction), ni ibex de Sibérie (bouquetin local) qui peuplent pourtant cette région. Le retour vers Alichur le lendemain sera plus compliqué, nous ne trouvons pas les sources chaudes indiquées sur la carte et le geyser, qui constituait une autre attraction du trajet, se résume à un tuyau d'où remonte de l'eau pétillante. Nous aurons tout de même une superbe vue sur le lac Yashikul, les montagnes toujours enneigées le cernant et sur les rivières l'alimentant. Le retour vers le tarmac n'en fini pas, nous avons une sensation de traversée du désert, heureusement que nous avons fait le plein d'eau. On passe proche d'une mare farcie de moustiques, on appuie sur le champignon pour vite remonter sur la colline en plein vent, seul rempart efficace contre les pires ennemis de Clarisse ! Dans ce coin pourtant sec, l'eau de fonte remplie les dépressions qui forment de petits lacs plus ou moins salés étant tous des nids potentiels à moustiques, on nous a prévenu que certains coins sur la route étaient littéralement envahis et donc invivables.
Nous retrouvons avec un plaisir non dissimulé la route principale et la vie dans cette ville (bien grand mot) du bout du monde qu'est Alichur. Nous y croisons Florian, Suisse en vacances qui vient de se battre durant 30km face au vent, il est déconfit, nous comprenons... et sommes heureux d'être dans le « bon » sens. Les visages des habitants ont déjà un air bien plus « mongol » et les chapeaux kirghizes font leur apparition : les frontières politiques ne reflètent pas les différences ethniques, nous le remarquons une fois de plus. Pas un arbre à l'horizon sur ce toit du monde, le séchage des bouses de vache est donc de rigueur au-dessus des murs des maisons en prévision de l'hiver.
Prochaine étape sur la route et dernier centre urbain du Tadjikistan sur notre route : Murghab, à plus de 100km au nord. Quelques Snickers et autres biscuits dans les sacoches et nous pouvons poursuivre. Nous nous élançons dans l'immense plaine d'Alichur bordée de part et d'autres de montagnes colorées et blanchies à leur sommet, avec le soleil couchant et un fort vent de dos qui nous propulse à 30km/h sans forcer, le cadre est enchanteur. Nous pouvons apercevoir nos premières yourtes, signe des campements d'été des locaux (leurs estives quoi). La plupart propose des « yurtstay » aux quelques touristes traversant la région. Les grands espaces s'offrent à nous, les paysages de steppes font leur apparition.
La route pour Murghab sera des plus agréables : paysages grandioses de ces vallées d'altitude sans vie humaine, route en descente douce après un col à peine marqué, et vent dans le dos. Nous filons sans pédaler sur des dizaines de kilomètres, « c'est les vacances » s'écrit Clarisse (profitons-en !).
Nous croisons un grand groupe de cyclistes de toutes nationalités (principalement anglophones) en voyage avec assistance allant de Beijing à Istanbul. Certains font le trajet complet, d'autres n'ont rejoint le groupe que pour une partie du voyage. On s'arrête discuter à leur « camp de base » du jour, les organisateurs, se régalant de tartines sous nos yeux ne nous proposeront pas même un verre d'eau (seul un des participant le fera). Nous ne sommes plus habitués à l'égoïsme occidental et nous repartons un peu déconvenus. Note à nous-même : nous devrons nous rappeler de ce sentiment une fois rentrés et devrons être aussi généreux que les habitants des contrées que nous avons traversées.
Nous arrivons à Murghab, ville (4000 habitants...) de bric et de broc nichée au creux d'une vallée verte et irriguée par une rivière, semblant encore plus éloignée de tout qu'Alichur. Nous y retrouvons Mario qui a élu domicile dans la guesthouse « Erali » dominant la ville. Le pauvre est tombé malade dans le Wakhan et a dû prendre un taxi pour en sortir et se rendre directement à Murghab. Lui qui voulait aussi aller au Zorkul aura renoncé tout comme nous. Nous manquons Laura et Benoît de peu car ils sont repartis le matin même, nous les retrouverons au pire à Osh.
Nos petites journées nous ont permis de ne pas être trop fatigués et nous ne nous arrêtons donc qu'un seul soir dans cette sympathique guesthouse où nous prenons notre première douche chaude « à l'ancienne » : deux citernes, une d'eau froide et une d'eau chauffée par un feu (de bouses), un bac comme mitigeur et un godet pour s'arroser. Que demande le peuple !
Pour faire le plein de provisions pour nos prochains jours jusqu'au Kirghizistan, direction le fameux bazaar de Murghab où les boutiques sont installées dans des containers. On y trouvera tout ce dont nous avons besoin, répulsif anti-moustiques compris : nous sommes prêt à affronter les éléments.
Murghab signe le point d'inversion des vents dominants : à partir de là nous aurons le vent de face jusqu'à notre descente du plateau du Pamir. Nous n'imaginions pas à quel point. C'est aussi à partir de là que la circulation devient quasiment nulle : les quelques camions empruntant la M41 bifurquent à l'est et se rendent en Chine par le col de Kulma. Nous choisissons de quitter la ville dans l'après-midi : erreur, le vent est déjà levé et nous jetons l'éponge au bout de 30km de lignes droites interminables face au vent. Clarisse nous motive en musique (playlist digne des plus chaudes soirées des années 90) mais ça reste extrêmement pénible et ennuyeux. Le paysage, si beau la veille avec le vent de dos, nous paraît désormais hostile et laid, la couverture nuageuse et la fraîcheur n'aide pas : nous ressortons gants, buff et polaire. Nous trouvons un coin à côté d'une bergerie abandonnée un peu abritée du vent car en retrait de de la vallée principale. Le soleil fait son apparition et améliore nettement l'atmosphère pour cette fin de journée. La crème anti-moustiques récemment acquise nous sera d'une grande utilité contre ces infernaux bestiaux qui piquent même à travers les vêtements.
Nous approchons de l'épreuve de notre route : le tant redouté col de Ak Baital et ses 4655m. L'approche du col se fera plutôt bien malgré les toujours aussi interminables lignes droites, notre ennemi invisible ne s'étant pas encore levé. Clarisse se sent faible, approche des contraintes féminines oblige, et un peu étourdie par l'altitude malgré notre acclimatation. Le col est plutôt raide et nous gravissons une partie à pied, je pousse le tandem seul pour que Clarisse puisse marcher sans effort. La fierté béarnaise nous permettra de remonter en selle pour achever la dernière épingle et découvrir le paysage inhospitalité du sommet : « tout ça pour ça, c'est même pas beau ! ». Nous sommes néanmoins heureux et soulager d'avoir vaincu la bête, seule difficulté de la journée (c'est ce que nous croyions). La carte que nous avons nous indique 20km de tôle ondulée suite au col, le début de la descente nous rassure car finalement pas pire. Cette carte qui nous sera d'une grande utilité, est une photo numérique haute-qualité de la carte du Pamir annotée par Véro, warmshoweuse de Dushanbé qui accueillaient presque tous les cyclistes les années précédentes. Nous n'avons pas eu l'occasion de la rencontrer, sa mission à Dushanbé s'étant achevée, elle est retournée en France, mais elle nous accompagne par ses commentaires manuscrits.
Les omniprésentes et grasses marmottes sifflent telles des militaires en exercice à notre vue. Arrivés en bas nous découvrons avec aigreur que le vent s'est désormais bel et bien levé... Il souffle fort dans nos oreilles et nous ralenti. Puis nous arrivons sur la tôle ondulée, la vraie, la sournoise., occupant toute la largueur de la route. On ne sait pas ce que c'est tant qu'on n'en a pas eu sur plusieurs kilomètres. C'est incroyable comme tout se met à trembler lorsqu'on se retrouve dedans. Nous slalomons pour éviter les pires zones, et pédalons principalement sur le bord de la piste. Nous visons un ancien caravansérail construit au bord de la piste et marqué sur la carte comme abri en cas de fort vent. Nous l'atteignons sur les nerfs et exténués et montons la tente à l'abri du vent, repos du corps et de l'esprit, enfin. Soir d'éclipse de lune... nous nous réveillons trop tôt pour la voir, le besoin de repos ne nous motive pas à nous réveiller de nouveau, tant pis.
Au réveil une surprise nous attend, les montagnes environnantes sont saupoudrées de neige, avec le soleil c'est magique et nous attaquons cette journée d'un bon pied. Nous aurons de nouveau le vent de face et une météo menaçante mais fort heureusement pour une courte durée. Nous approchons du magnifique lac Karakol dont nous apercevons déjà le bleu turquoise. Il est à priori considéré comme le plus haut lac salé du monde (à environ 4000m). Depuis Murghab nous longeons de plus ou moins loin une infinie barrière de barbelés : elle démarque la frontière avec la Chine qui est pourtant plus à l'est sur le carte : nous sommes dans une région où les limites des pays ne sont pas vraiment définies et restent contestées.
Nous sommes chanceux, la vague de froid qui a blanchi les montagnes pour le plus grand bonheur de nos yeux a aussi exterminé les moustiques : nous n'en entendrons pas un à Karakol alors que Tony nous avait averti « qu'il y avait 10000 fois plus de moustiques que d'habitants ». En même temps, des habitants il y a en vraiment peu dans ce bled perdu et crasseux mais qui disposent tout de même de plusieurs homestays. C'est la dernière étape avant la frontière et les touristes en 4x4 s'y arrêtent quasiment tous. Pour les cyclos cela permet une halte au chaud qui n'est pas négligeable à cette altitude. La météo est clémente alors nous poursuivons en contournant le lac. Les nuages sur les sommets sont noirs et laissent présager des averses localisées.
De l'autre côté du lac, nous retrouvons de nouveau notre ami le vent de face et nous trouvons abri dans le canyon creusé par le lit d'un torrent asséché. Ce sera notre bivouac le plus venté, nous obligeant à utiliser tous les haubans de la tente et même à l'entourer de petit murets de pierre. Cependant le paysage est grandiose avec la vue sur le lac et les montagnes enneigées. Nous nous cuisinons un excellent bœuf en boîte-carottes-patates qui nous réchauffe et nous comble. C'est rigolo d'être dans ce lieu si isolé où pourtant nous arrivons à communiquer avec nos proches : le relais téléphonique du village de Karakol n'est qu'à quelques kilomètres à vol d'oiseau. On pourrait se reprocher de ne pas profiter de ces lieux pour vivre pleinement la déconnexion... mais nous sommes partis depuis 5 mois et le contact avec la famille et les amis nous fait du bien.
Dernier réveil au Tadjikistan. Le vent est tombé, il fait bon et beau. Nous traînons et profitons des lieux. Un peu trop peut-être et nous en oublions que la carte indique « Can be super windy » pour la suite de l'itinéraire. On grimpe un premier col bien raide qui nous offre une vue sublime sur le lac. Clarisse est de nouveau faiblarde, elle a les jambes qui flageolent et ne sait pas trop pourquoi. Nous avançons donc doucement ignorant l'enfer à venir. La nature est belle, toujours autant de marmottes malgré l'altitude. Comment font-elles pour être aussi grasses alors que l'hiver est probablement très long ici ? Nous les voyons courir maladroitement travers la steppe, un vrai spectacle animalier. Nous dominons ensuite une vallée aride bordée de montagnes rouges et ocres. Le blanc des montagnes de plus de 6000m formant la fin du massif (et donc la frontière) s'ajoutent au tableau. C'est magnifique, pour le moment. Nous dévalons la côte et nous heurtons de plein fouet à un mur de vent. Il soulève la poussière en véritables nuages qui remontent les flancs de la vallée, le coin est superbe mais le vent nous le rend infernal. Il reste 15km avant la frontière, droit devant nous. Nous aurons donc le vent dans la tronche jusqu'au bout. Impossible de s'arrêter, il n'y a aucun abri. Ca souffle tellement que ça en devient comique (rires jaunes, pour ma part seulement, Clarisse est quand à elle dépitée et à bout). Nous luttons comme des forcenés à 7km/h, le vent soufflant probablement autour de 50km/h.
Un tuyaux en béton passant sous la route nous permet un abri de fortune. Nous nous réfugions contre lui. Il nous abrite assez pour cuisiner : nous avons besoin de forces pour espérer arriver au bout cette vallée. Clarisse est prête à sauter dans le premier 4x4 passant par là, mais aucun ne passera. Après une longue pause nous repartons, encore 10km. La route commence à grimper, nous allons encore moins vite. Lorsqu'elle devient trop raide nous continuons en poussant. C'est vidés de nos forces que nous arrivons au poste frontière. Sûrement le plus isolé et miteux que nous ayons franchi. Les douaniers qui y travaillent ont du mérite. Deux motards coréens en sens inverse attendent leurs passeports, puis deux cyclos tchèques arrivent à leur tour. Lorsque nous réglons les formalités, un 4x4 arrive du Tadjikistan, nous reconnaissons une des personnes de la guesthouse de Murghab ! Il nous reconnaît et nous souri. Il nous dit que Mario est à Karakol et qu'il va mieux, bonne nouvelle. Fatigués comme nous sommes, nous lui demandons s'il peut nous amener au col, il accepte. Finalement après quelques minutes de repos nous réalisons que le col n'est plus qu'à 1 km, cela ne vaut pas la peine de s'ennuyer à mettre le tandem sur le 4x4 pour si peu.
Nous gravissons les quelques dizaines de mètres de dénivelés restants sur la piste de terre rouge qui a, heureusement pour nous, séchée depuis les précipitations des derniers jours. Et c'est avec joie et émotion que nous apercevons enfin la fameuse statue d'ibex marquant le col de Kyzyl Art et ses 4280m, frontière avec le Kirghizistan. Quelques photos en plein vent devant la statue tant espérée et nous quittons définitivement le Tadjikistan ce 29 juillet, exactement 1 mois après y être entrés.
Changement rapide de décor dans la descente : les montagnes sont vertes ! Ca fait longtemps que cette couleur a disparue de notre quotidien. Dès le passage du col on sent qu'on change de climat, le flan Nord du Pamir est bien plus humide. Il arrête la plupart des perturbations ce qui fait des hauts-plateaux un endroit aride. Nous avons pu le constater durant notre nuit au bord du lac Karakol : les nuages restaient accrochés sur la chaîne frontière alors que nous ne subissions que le vent de la perturbation.
La piste est bien plus défoncée et raide côté kirghize. Heureusement qu'elle est à peu près sèche. Les cours d'eau sont rouges de boue. Les contrastes sont saisissants. Nous croisons Andreas, suédois en route du Japon vers l'Europe. Nous discutons Kirghizistan et Chine et lui donnons notre carte SIM tadjike. Il nous dit que nous pouvons acheter du pain dans la maison que nous voyons plus bas, chez les seuls habitants entre les deux postes frontières. Nous le laissons à sa difficile montée et nous nous arrêtons donc pour acheter un vieux pain mais qui nous rassasie le temps de finir la descente. Le coin est encore plus peuplé de marmottes que le côté tadjike, on n'en a jamais vu autant de si près.
La pente s'adoucit lorsque la piste rejoint une vallée terminée par un magnifique glacier. Il est un peu pris dans les nuages et nous nous installons donc pour la nuit en espérant pouvoir admirer sa blancheur immaculée au petit matin. Le temps se couvre en soirée et il se met à bruiner, ce sera notre nuit la plus froide.
Au levé du jour, la toile de tente est toute gelée ! Je sors ma doudoune pour la première fois du voyage, au moins elle aura servie une fois. Il fait très beau et nous admirons la vue sur le fond de vallée et les hauts sommets la dominant. Notre coin de bivouac ne va pas voir le soleil avant plusieurs heures, « ça meule grave » comme on dit. Ce qui ne nous empêche pas d'avoir plaisir à retrouver des paysages plus « alpins », qui nous manquent un peu. Ce qui fini de nous convaincre de faire un crochet par Sary Moghol, 30km à l'ouest de notre route, afin d'avoir la vue sur le Pic Lénine et ses 7134m, point culminant du pays.
Nous levons le camp les pieds et les mains gelées pour retrouver le soleil un peu plus loin. Nous croisons une suissesse, qui part pour la Pamir seule. Elle nous incite à nous rendre au camp du base du Lénine vu qu'il fait beau, elle, est restée 3 jours dans le coin sans apercevoir le sommet... pas de bol.
Nous filons donc vers le poste frontière qui se franchi sans encombre et sans visa. Nous avons 60 jours autorisés dans le pays en tant qu'Européens, c'est donc parti pour en profiter !
C'en est donc fini de cette traversée du Pamir que nous redoutions tant. Nous avons réussi ce qui était un des gros challenge physique du voyage et je suis super fier de Clarisse qui a réussi à aller au bout malgré avoir exprimé quelques doutes et avoir été bien malade. Bravo à elle.
Pour nous et pour de nombreux autres cyclistes tout s'est bien passé mais nous avons appris avec tristesse qu'un groupe de 7 cyclos se sont fait vraisemblablement attaqués sur la route en direction de Dushanbé. Une voiture les a percuté volontairement puis a pris la fuite, ce qui a été par la suite revendiqué par Daech. Nous avions rencontré et discuté à Khorog avec plusieurs d'entre eux, notamment le français rescapé car à l'arrière du groupe et le suisse malheureusement décédé, qui lui aussi aimait le tandem. Nos pensées se tournent vers eux et leurs proches.
Cet acte unique pour le pays aurait pu arriver n'importe où dans le monde actuel et il ne faut pas considérer le Tadjikistan comme un pays risqué, bien au contraire. Ses habitants sont bienveillants et très accueillants avec les touristes. Par ailleurs les habitants du Pamir étant Chiites Ismaéliens ils rejettent tout particulièrement l'extrémisme et cette région qui est la plus prisée des touristes à vélo reste donc sécuritaire.
Cet attaque à l'encontre des étrangers, alors que 2018 est justement l'année du tourisme dans le pays, a précipité la création d'une police touristique joignable à tout moment. Outre le climat international actuel et la présence de sympathisants de Daech aux quatre-coins du monde, le contexte politique du pays n'est pas étranger à ce passage à l'acte. En effet le Tadjikistan reste une dictature dirigée par le même président depuis la fin de la guerre civile en 1992. Les parties politiques adverses n'ont pas droit de cité et encore moins les mouvements pro-religieux. Le port de la barbe est interdit pour les hommes ainsi que celui du hijab pour les femmes (mais aussi faire une fête pour le nouvel an ou encore pour son anniversaire !). Enfin la rancœur contre les occidentaux de la part de certaines personnes aux idées extrêmes a probablement été exacerbée par la récente annonce du président que tout fonctionnaire se livrant à du chantage avec les touristes serait sévèrement puni. Nous espérons de tout cœur que cet acte restera isolé et que les touristes continueront à venir admirer les paysages sauvages de ce contrefort de l'Himalaya et à rencontrer ses charmants habitants.
Nous sommes désormais d'autant plus conscients que nous sommes vulnérables sur la route et allons redoubler de vigilance surtout dans ce pays où l'ébriété est fréquente.
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