La Turquie est très belle !
Après avoir quitté Tony ce 19 avril , nous nous dirigeons vers un autre petit lac dont la couleur bleu-vert sur Google Maps nous a intrigué, pour cela nous empruntons une belle 4 voies toute neuve et pas encore ouverte à la circulation, bien que quelques véhicules l'empruntent. La Turquie est un immense chantier routier, la 2 fois 2 voies est désormais le standard turc pour la plupart des axes même secondaires, toutes les villes ont leur belle 4 voies pour y accéder... Le "tout voiture" est plus que jamais d'actualité dans le pays, ce qui révolte particulièrement notre ami Tony. En fait, c'est plutôt le "tout-camion" vu le nombre d'entre eux qui circulent dans le pays, enfin on n'a pas essayé l'A7 en vélo mais j'imagine qu'on a le même sentiment.
Nous comprenons plus loin pourquoi la route n'est pas ouverte : elle n'est pas finie ! Le bitume tout frais s'arrête net et nous voilà sur la terre, pour un petit tronçon. De toute façon nous quittons la route pour aller vers le lac, c'est alors que deux beaux Kangals nous aboient dessus et nous escortent hors de leur territoire. Les Kangals sont les chiens de bergers turcs (des patous turcs quoi), ils sont massifs et courent vite, pour ne rien gâcher à leur capacité de dissuasion, ils ont souvent les oreilles coupées et un collier de pic... mais finalement ils nous inquièteront peu, à chaque fois que nous arrêtons, ils se désintéressent de nous, ne nous prenant pas pour une menace. Ouf ! Car ils ne doivent pas être simples à distancer.
Dans cette région les collines sont défigurées par les carrières, à priori de marbre, il y en a partout ! La Turquie est pillée de sa pierre. Plus loin, nous verrons des pancartes annonçant une "marble fair" avec des caractères chinois... sont-ils responsables de ce pillage ?
Clarisse a subitement mal au ventre, cela se passait plutôt bien jusqu'ici pour elle qui est sensible malgré la cure de gluten quotidienne. Serait-ce les crêpes ? Cela pèse rapidement sur son moral et sa motivation.
Nous atteignons Burdur, agglomération de 100 000 habitants bordée par un lac. Nous rêvons d'un bivouac avec baignade, que nous espérions déjà faire à Salda Golü, peut-être enfin l'occasion ? Nous nous arrêtons à une station service pour une pause toilette et eau, un jeune cycliste turc et son père policier viennent nous parler et prendre quelques selfies (les turcs sont passés pro en la matière !). Je tente un "Do you know where we can camp?" (espérant secrètement une invitation). Il nous parle du parc arboré que nous avons passé.. non merci, il longe la 4 voies ! Je lui montre le coin que j'avais repéré sur Google Maps, "it is not suitable" me fait-il lire sur son smartphone. Bon on ira quand même voir. "Can we swim in the lake ?", "Water is not clean" me rétorque son smartphone une fois de plus, quel rabat-joie celui-là.
Malgré les mises en garde, nous nous dirigeons vers le point que j'avais choisi, passage par la boulangerie oblige avant le bivouac : les simits (petite couronne de pain au sésame) nous font un parfait en-cas et avoir du pain permet "d'escarrer" nos assiettes (comme on dit dans le Béarn) et donc d'éviter la vaisselle (malins hein ?!). Le boulanger me pose des questions en anglais, je lui explique notre voyage, il m'offrira mes achats... ok pour la peine je vais prendre ce genre de petits cannelés croisés churros, histoire de tout de même acheter un truc, je crois que ça le laisse dubitatif. Nous descendons vers le lac et nous sommes tout de suite plongés dans le monde rural, les gens nous sourient, on se sent en confiance. On fait 7 ou 8 km avant d'atteindre le point repéré : une petite forêt herbeuse en bordure du lac, le site est parfaitement plat et est probablement un lieu de picnic assez classique... "not suitable", heureusement qu'on l'a pas écouté ! Je me dirige décidé vers le lac pour la baignade espérée... ah ben par contre il n'avait pas menti, les algues et l'eau ne donnent pas du tout envie de se baigner !! Ce sera tout de même un super bivouac au calme.
Au réveil, nous pouvons apprécier le panorama, puis nous recevons la visite d'un berger qui amène sont troupeau de chèvres et brebis paître cette prairie arborée. Nous discutons un peu avec lui, les turcs sont vraiment hyper gentils et souriants, c'est tellement agréable et ça donne encore plus envie d'apprendre la langue !
Nous visons le lac suivant pour l'étape du jour, nous sommes dans une région de grands lacs et celui de Burdur (Burdur Golü) est le 1er, viennent Egirdi Golü et Beysehir Golü du nom des villes qui les jouxtent. Nous avons deux cols à passer, donc un peu de dénivelé, ce qui n'enchante guère Clarisse qui n'est toujours pas au top. Après quelques kilomètres sur la traditionnelle 4 voie, nous passons un village, les hommes sont tous au çay, à côté de la mosquée, comme nous pouvons le constater depuis le début de notre épopée turque. Les regards sont tous portés sur nous, on nous propose le çay mais il est trop tôt, nous devons avancer un peu sinon on n'est pas arrivés ! Nous déclinons et prenons rapidement de l'altitude, ce qui nous offre quelques belles vues sur le lac que nous avons quitté. Nous avons le vent de face donc cela ne nous aide pas mais la route est belle et pas trop fréquentée.
Un pide salonu tombe à point nommé au niveau du col, nous préférons manger avant d'atteindre Isparta, ville située en-dessous du col. A la fin de notre repas un jeune homme qui vient d'arriver en voiture vient vers nous pour discuter, il a bien vu que nous étions étrangers (sans blague ?). Il parle un anglais excellent... car il est en fait australien d'origine turque. Il est revenu en Turquie pour y vivre et a trouvé très facilement un bon emploi grâce à son niveau d'étude et à son bilinguisme. Il s'occupe de chantiers d'installation de panneaux solaires, que nous avons pu voir assez souvent sur les adrets des collines. Il vient tous les midis manger ici et ne s'attendait vraiment pas à voir des touristes, ça lui fait plaisir de nous rencontrer. Il tient du coup à payer notre déjeuner et nous donne son numéro si besoin. Nous repartons à 15h de notre pause alors qu'il nous reste un 2e col et pas mal de kilomètres pour rejoindre Egirdir.
Nous traversons Isparta, jolie ville étudiante entourée de montagnes. Puis nous montons sur une route encore une fois flambant neuve, accès à la station de ski du Mont Davraz tout proche. Clarisse n'a plus de jus, elle est démoralisée par ses douleurs. La montée est difficile bien que pas trop longue. Nous débouchons sur un bel alpage au pied du Davraz enneigé, le temps est en train de tourner à la grisaille et le vent se lève... nous ne traînons pas. Nous découvrons que le ski se dit kayak en turc (et kayak se dit... kayak aussi !) sur les panneaux publicitaires énormes ("Kayak ve snowboard merkhezi", "Ski and Snowboard center") qui font tâches dans ce plateau aux allures de steppe. Le vente forci et nous l'avons de face, on se rhabille : gants, chaussettes, bonnet... ça faisait un moment qu'on n'avait pas eu froid ! Nous sommes fatigués et il est tard mais nous n'avons pas de vivres pour le soir, il faut donc arriver à destination, cela nous rappelle d'être plus prévoyants. Nous descendons enfin mais devons encore faire quelques kilomètres sur une route en travaux qui est une 4 voies, cela va de soit. Ca y est nous apercevons le lac et la ville de Egirdir fichée sur une presqu'île. Pour le coup, l'eau du lac est propre ici et on peut s'y baigner... mais cette fois c'est le temps qui ne s'y prête pas ! C'est la tempête (ça nous rappelle Budva au Monténégro) et on admet que camper semble compromis. Nous passons un grand camp militaire à flan de montagne où des colonnes semblent partir en montagne chargés de lourds sacs-à-dos. Enfin arrivés, nous recevons des nouvelles de Tony, il est déjà là, cela nous surprend, lui qui voulait prendre son temps, il nous indique son hôtel, nous nous y rendons mais l'hôtelier nous propose un prix trop élevé. Nous en trouvons un autre tout proche avec vue sur le lac pour un prix plus raisonnable, c'est presque trop classe pour nous. La tandem est rentré dans le lobby/salon où des gens regardent la télé. Quel plaisir de ne plus être dans le vent, ça commençait à nous casser les pieds (et les oreilles) et nous sommes bien refroidis : nous sautons dans la douche chaude avant de rejoindre Tony pour le dîner. Il nous explique qu'il a pris le bus de Burdur à Isparta, on comprend mieux comment il a fait pour nous doubler, et nous montre une magnifique photo de l'alpage du Mont Davraz sous le soleil... il y est passé 2h avant nous, nous n'avons pas eu la même vue puisque le ciel s'était chargé. Bonne nuit reposante avec un bon lit ce qui est loin d'être toujours le cas, même dans les hôtels que nous prenons.
Tony passe nous voir avant de partir, nous nous levons à peine. Nous avons prévu de profiter largement de l'hôtel quitte à avoir payé et de ne partir qu'à la mi-journée. Le vent est encore bien présent ce matin mais on l'aura plutôt dans le dos pour le début. On fait notre petite lessive, trainons sur internet... puis on monte prendre le petit déjeuner inclus, on compte bien lui faire sa fête ! On reste donc une bonne heure dans cette salle avec une belle vue sur la mer et on se gave de tartines, d'oeufs, d'une sorte de tapenade légèrement épicée : on compte bien tenir jusqu'au soir sans autre repas. C'est self-service donc nous en profitons pour piquer deux oeufs durs pour plus tard et faire un véritable "honey-napping" pour nos petits déjeuners de bivouac (Honey-napping = "enlèvement" de doses individuelles de miel). Les dosettes individuelles, c'est pas vraiment "eco-friendly" mais on rattrapera ça pour notre karma plus tard.
Petit tour de la presqu'île de Egirdir avant le départ, ça nous rappelle Koronisia mais nous fait aussi penser à Annecy avec le lac bleu clair et les montagnes. On s'arrête dans une eczane (pharmacie) pour que Clarisse achète quelques médicaments pour le mal au ventre, les molécules ont des noms universelles donc elle trouve facilement ce qu'elle cherche. C'est parti, vent dans le dos direction Aksu puis Yakaköy au pied du 1er vrai col (culminant à 1800m) sur notre route depuis le départ.
Cette région nous rappelle la route de Luz-la-Croix-Haute à Sisteron dans les Hautes-Alpes, montagnes rocheuses parsemées de pins silvestres et large place occupée par la culture de la pomme. Les fruitiers sont couverts de fleurs blanches ou roses selon les parcelles : outre les pommiers, les cerisiers et les abricotiers sont de la partie. A Aksu, nous avons besoin d'une pause au calme sans le vent, nous nous réfugions dans un café où les jeunes du coin viennent jouer au backgammon (ça nous change des çaykhane farcis de vieux). Clarisse est toujours un peu patraque donc la pause était nécessaire, il reste assez peu de kilomètres pour Yakaköy mais ça grimpe un peu. Nous avons un message de Tony sur Whatsapp, il est passé ici 2h avant nous, peut-être que nous le trouverons en train de camper plus loin ? Je pose quelques questions à la tenancière sur les arbres fruitiers cultivés ici, elle se fait un plaisir de m'illustrer ses propos à l'extérieur et me glisse que sa tante vit en France (si j'ai bien compris). Nous repartons, je lance un "Göruşuruz" (à bientôt) à quoi elle me répond en riant "Inch'Allah".. effectivement on ne repassera sûrement pas de si tôt.
On atteint un embranchement où une piste s'engage dans une vallée où coule une rivière. Nous l'empruntons pour dénicher un lieu de bivouac éloigné de la route. Pas de traces de Tony, il a dû continuer. Malheureusement le vent souffle fort et nous ne trouvons pas d'endroit vraiment abrité, nous montons tout de même la tente, il est 17h et cela fait longtemps qu'on n'a pas réussi à s'installer assez tôt pour profiter du soleil. Le vent souffle toute la nuit ce qui nous empêche de vraiment bien dormir mais on est au calme.
Au réveil le soleil est là... le vent l'est toujours aussi. Nous apercevons au loin l'imposant Dedegöl Daglari et ses 3200m, que nous allons approcher en suivant la route. La montée est superbe et déserte mais pour nous elle est assez difficile, il y a bien 600m de dénivelé et Clarisse est toujours fatiguée. Nous prenons notre temps et nous arrivons tant bien que mal au sommet à 1800m, la vue sur la vallée d'où nous arrivons est grandiose, nous apercevons au loin le Mont Davraz déjà si éloigné et nous avons une vue de 1er choix sur le sommet local, bien plus proche que ce matin. Clarisse retrouve le sourire.
Après la montée, la descente, cela fait partie du bénéfice des difficultés. Nous lâchons les freins et filons à vive allure en direction du lac de Beyşehir, en bas du col la route est totalement différente de celle de la carte hors-ligne que nous utilisons : un barrage est en construction et la route a été totalement déplacée. Le coin est très beau au pied du massif enneigé et en ce dimanche les voitures sont pleines, c'est-à-dire 3 ou 4 personnes en plus que le nombre de places homologuées (au moins en Turquie le covoiturage, et le "co-scouteurage" sont de mise) pour la sortie pic-nic hebdomadaire. Espérons qu'ils ne laisseront pas tout derrière eux... une décharge officielle se trouve proche de la route quelques kilomètres plus loin, ça gâche un peu le tableau.
On passe par Yanisar Bademli et on s'arrête à la çaykhane jouxtant la mosquée. Nous trouvons de quoi nous sustenter à la supérette à côté. Le muezzin invite à la prière de la mi-journée, le son des hauts-parleurs est incroyablement fort pour un si petit village. Une dizaine de minutes plus tard, une bande de papex sortant de la mosquée vient (comme à l'habitude) boire un çay et refaire le monde. Nous sommes l'attraction du jour. Ils nous sourient à pleines dents (pour ceux à qui il en reste) et nous prenons une photo de cette belle brochette avec Clarisse en "guest-star". Une fois de plus, nous nous régalons de la compagnie des si sympathiques habitants de ce pays.
Nous continuons la route et admirons enfin le lac, et quel lac ! Il est immense et bleu turquoise, magnifique panorama depuis une tour prévue à cet effet. Beyşehir se situe de l'autre côté, nous n'irons pas ce soir mais nous comptons y prendre le bus le lendemain pour la Cappadoce. Une fois de plus, modernité oblige, la petite route qui serpentait le long du lac est en train d'être transformée en large 4 voies, snif. On arrive pleine balle dans la zone en travaux et nous remarquons trop tard que ce n'est plus du bitume mais la couche de terre non tassée (type semoule) sur laquelle nous roulons... impossible de freiner et on chasse dans tous les sens mais évitons la chute (et l'engin de chantier qui arrive en face, en train de tasser la partie droite de la route) jusqu'à arrêt complet. On a donc testé ce que pourrait donner une voie de détresse d'autoroute en tandem ! On est doublé par un camping-car français conduit par un retraité baroudant seul sans sa femme (qui préférait rester en France). Il y a quelques années il a partagé un bivouac avec une famille partie en vélo, un an autour de la méditerranée.. ils viennent de la région annécienne et nous avons vu leur film dans une soirée de l'association Roule&co.
Nous atteignons Yeşildag pour y prendre de l'eau et quelques vivres. Nous faisons trois supérettes différentes pour trouver des légumes ou des fruits... rien avant Beyşehir me disent-ils ! Que de l'industriel ! Je craque mais Clarisse me sauve avec quelques biscuits bien choisis et nous repartons avec du pain et une cannette de soda (achetés en repassant dans chacune des supérettes pour ne léser personne) c'est mieux que rien ! Une aire de camping en bordure de lac est indiquée sur la carte, cela nous oblige à un détour de 7km mais arrivés sur place, une presqu'île flanquée d'un bosquet de petits pins espacés offrant de belles clairières ensoleillés couvertes de thym citronné, nous sommes heureux de notre choix. On se sentirait presque au bord de la méditerranée sauf que nous sommes à 1100m d'altitude, et se rappellent à mes bons souvenirs les petits bois de chênes lièges du Golfe de Saint-Tropez. Les familles sont encore là pour leur picnic ou barbecue du dimanche mais on sent que tous vont déserter une fois le soleil passé l'horizon et qu'on sera donc tranquille. Ce sera effectivement le cas et au réveil nous sommes absolument seuls ! Nous prenons notre temps, nous nous douchons... un vrai matin de vacances ! Nous n'avons que 40km à faire aujourd'hui donc pas de stress. Finalement, ce sera tout de même assez long et moins plat que nous l'imaginions.
Sur la route, nous nous arrêtons à la station service, le caravanserail du XXIe siècle : on y trouve de l'eau, des toilettes, de l'ombre, de la nourriture, du çay, de l'essence (qui remplace le fourrage pour les chameaux de l'époque), de la compagnie et une certaine sécurité. A peine descendus du tandem qu'on nous offre le thé, et nous discutons avec les pompistes et des clients prenant eux aussi le thé.
Nous voici à Beyşehir ! La ressemblance avec Annecy nous saute aux yeux : on dépasse un grand parc en bord de lac avec superbe vue sur les montagnes enneigés où les familles écoulent leur temps libre, on se croirait sur le Paquier exception faite des tenues vestimentaires nettement plus "islamiques" que chez nous. Nous filons directement à la gare routière (otogar) pour acheter nos billet de bus, il n'y a plus de place dans les bus directs pour Nevşehir en Cappadoce et nous devrons donc nous contenter d'un bus pour Konya où nous trouverons inch'allah un bus pour notre destination. Toute la question est de savoir si le tandem va passer dans le bus... et comme personne ne parle anglais, ce n'est vraiment pas simple mais je m'en sors tant bien que mal avec petit nègre turc. Le personnel finit par venir voir le tandem, tammam,ça va le faire, du moins jusque Konya et en leur précisant que le tandem peut être démonté en deux.
Nous retournons vers le parc pour un déjeuner (ou plutôt un quatre heure) 100% crudités car nous sommes toujours en reste de notre échec de la veille. Ici c'est la grande ville, on trouve des légumes, youpi ! Nous observons la vie de ce parc "Paquier-like", finalement la Turquie ressemble beaucoup à chez nous : voiturettes à pédales, barbes à papa, manège... La ville nous semble assez touristique mais surtout fréquentée par des Turcs.
Tony est arrivé depuis la veille et malgré que l'hôtelier ne veuille pas trop baisser son prix, nous prenons une chambre dans le même hôtel que lui. Ce n'est pas la ruine non plus 16€ pour deux... Finalement, au vu de la qualité des matelas, cela ne vaut guère plus ! On part à vélo pour visiter le monument le plus important de la ville : la mosquée du XIIe siècle et son intérieur authentique, en bois. Tony nous amène dans l'échoppe d'un jeune Besançonnais revenu au pays de ses origines pour y tenter sa chance. C'est une vrai caverne d’Alibaba : il vend des fruits secs, des huiles essentielles, des épices, des remèdes miracles, le tout de très bonne qualité. Il nous explique que les turcs sont de plus en plus friands de ces médecines alternatives (et finalement ancestrales) à la place de la médication moderne. Il a ouvert sa boutique avec un associé qui est une référence en matière de remèdes, je lui demande d'où il a toute cette connaissance : il me répond qu'il étudie; Tout simplement. Comme quoi le travail paye ! Nous passons un long moment dans la boutique à discuter en français, pour une fois, c'est tellement simple d'avoir un interprète; Nonobstant le fait qu'il nous prenne pour des fous et nous demande pourquoi on fait tout ça ...en vélo. On repasse par la boulangerie que nous avions déjà essayée dans l'après-midi et qui fait d'excellents simits et sablés, le tenancier nous reconnait et nous fait cadeau d'une partie de nos achats. On file casser la croûte dans une cantine local: mercimek çorba (prononcer "merdjimek tchorba", la soupe de lentilles) pour tout le monde, puis lamacun (prononcer donc "lamadjun", si vous suivez), pas cher et très bon. Il faut aller dormir, nous devons nous lever aux aurores car le bus part à 8h. Nous disons une 3e fois au revoir à Tony qui veut aller voir le grand lac salé (Tuz golü) lui, mais bon, on sait déjà que ce n'est pas la dernière !
Nous traversons la ville avec le lac et les montagnes dans les lueurs du matin, c'est magnifique, nous sommes vraiment contents d'être passés par là.
Première expérience du bus turc avec Georges, on va essayer d'éviter de le démonter en 2, on enlève tout de même ma selle avec le guidon de Clarisse qui est large. Nous sommes un peu inquiets qu'il n'y ait pas de place pour lui dans la soute donc nous sommes venus très en avance, nous poireautons avec un çay dans la gare. Le bus est là, le chauffeur est ok pour le tandem, nous le mettons carrément en travers au milieu de la soute en suivant ses instructions, au grand dan du responsable local de la compagnie de bus qui tenait à ce qu'on le démonte. Les bus turcs sont peu chers et super-confortables et on se croirait dans l'avion avec télés dans les sièges, prises électriques et "stewart" qui distribue boissons et biscuits... c'est aussi en général lui qui gère l'organisation des soutes. Après un voyage plutôt agréable, on est débarqué à Konya où nous espérons un second bus pour Nevşehir aussi tôt que possible. Un bus en partance est à côté du nôtre, il va à notre destination ! Je demande au chauffeur "bisiklet, tammam ?", réponse "Tammam" ! Super !! On arrive à rentrer le tandem debout en enlevant la roue avant et on le sangle sur le côté de la soute. En montant dans le bus je précise que nous n'avons pas les billets, ça passe; Je prends la dernière place du bus et Clarisse voyagera à l'avant sur le strapontin à côté du conducteur (en V.I.P. !). Le stewart s'assoie du coup par terre dans l'escalier. Je profite du bus pour continuer à m'exercer en turc avec mon téléphone, Clarisse discute en turc avec le stewart et le conducteur qui la suit désormais sur Instagram. Le paysage, au début montagneux ,s'applanit totalement. Nous sommes dans une immense plaine cultivée (de la betterave pour faire du sucre), avec un beau volcan enneigé au sud, la route est totalement droite. A vélo, ça aurait probablement particulièrement long et ennuyeux, aucun regret donc de faire ces 4h de bus. Arrivée à Nevşehir, le paysage a encore changé, ici la roche, la terre jaune-ocre et la poussière sont rois, c'est la porte d'entrée occidentale de la Cappadoce rocheuse, tant connue des touristes. La région complète de la Cappadoce s'étire elle de Aksaray à l'ouest jusqu'à Kayseri à l'est, Nidge au sud et Kirşehir au nord.
Nous traversons la ville direction Uçhisar et Göreme où nous avons prévu de rester un peu pour visiter et nous reposer. Nous mangeons un köfte ekmek au centre-ville dans un parc où tous les papex devisent sur des tables de picnic. L'assemblée est exclusivement masculine, comme nous l'avons souvent remarqué dans les lieux de rassemblement populaire. Un retraité catalan (vivant en Allemagne) voyageant en van aménagé et avec un vélo en moyen de transport secondaire, discute un peu avec nous. Sortis de la ville par la 4 voies (bah oui, pour changer !) après avoir acheté quelques vivres, nous nous rendons à Uçhisar, 1er village troglodyte sur notre route. La Cappadoce montagneuse dont nous avons tous déjà vu les images de "cheminées de fée" se situe autour du village de Göreme, qui est du coup extrêmement touristique mais en cette saison ce n'est pas encore la grande affluence. Uçhisar se situe à 5km de Göreme et est le village le plus haut de la zone ce qui nous permet d'avoir une vue magnifique sur les environs. Nous montons sur la forteresse taillée dans la roche et nous y passons deux bonnes heures. En cette fin journée, le soleil décroissant enflamme ce paysage dessiné par l'érosion. Au loin, on aperçoit les neiges du Erciyes, un volcan éteint culminant à 3900m.
Dominant la vallée de Göreme, on est au spot idéal pour trouver un emplacement pour la nuit, nous comptons bien être aux 1ères loges pour l'incontournable décollage des montgolfières au petit jour. Nous repérons un plateau avançant au-dessus du canyon de la "Vallée des Pigeonniers" (de nombreux pigeonniers ont été creusés dans les protubérances des roches), et encore assez en amont pour permettre un panorama étendu. Quelle vue nous avons ! Nous avons trouvé le lieu parfait pour bivouaquer. Il fait très beau et sec, on va dormir à la belle étoile !
Un bruit sourd me réveille, comme un gros ventilateur... j'ouvre les yeux et réveille Clarisse : "je crois que c'est les montgolfières", il fait encore noir et nous apercevons comme des ampoules qui s'éclairent, ils commencent à allumer les brûleurs. Il est 5h, le jour commence à se lever et nous nous rendons compte qu'il y a des grappes entières disposées à différents endroit du paysage qui s'étend sous nos yeux et toutes s'envolent les unes après les autres. C'est effectivement grandiose. Nous restons à contempler le spectacle pendant plusieurs heures, en buvant le thé du matin, jusqu'à ce que le soleil soit haut.
Plan du jour : trouver un lieu où nous dormirons ce soir et y laisser nos affaires pour visiter à pied. Le camping que nous allons voir ne nous inspire guère, on nous a parlé d'un hôtel "Nature Land", ça nous plaît tout de suite, c'est beau, l'unique dortoir de 5 lits n'est pas très cher et les gens supers sympas. Nous rencontrons deux jeunes saoudiens en vacances et nous restons un long moment à échanger avec eux. L'Arabie Saoudite est en train de s'ouvrir, ils corroborent ce que nous avons pu lire à ce sujet. Hamad veut visiter le sud de l'Europe cet été, nous lui donnons un certains nombre de lieux qu'il doit aller voir entre Espagne et en Italie. Nous irons finalement faire un tour à pied dans la "Red Valley", véritable musée à ciel ouvert et gratuit derrière l'hôtel, on peut y déambuler entre les habitats troglodytes et les formations géologiques résultant de l'érosion, caractéristiques de cette région. Malheureusement, comme partout ailleurs en Turquie, ce spectacle incroyable est gâché par la vision des déchets laissés par tous les touristes irrespectueux (bien souvent les turcs); Comme s'il était normal de laisser son sac avec toutes ses merdes derrière soit après son picnic. ... Nous sommes atterrés. Nous nous éloignons un peu (trop) et nous longeons des vignes, un couple de seniors s'affairent à planter des haricots entre les pieds de vignes. Nous les saluons, et demandons si c'est pour faire du şarap (vin), l'homme nous dit de venir avec lui et il nous amène à son cabanon où il nous fait goûter le vin qu'il fait ! Ils en profitent pour faire une pause, moment agréable et inattendu. Vu que notre vocabulaire est limité, je demande si le raisin et les haricots sont "amis" (uzum ve fasulye arkabaş ?) en guise de question sur la compatibilité des cultures.
Après cette belle balade nous partons à vélo visiter Cavuşin, le village suivant, qui possède aussi des habitations troglodytes. A l'entrée du village nous tombons sur Lynn et Robert nos compères cyclo que nous avons vu en Albanie puis à Athènes. Nous les savions dans le coin et devions nous retrouver mais c'est par hasard que nous tombons sur eux, c'est drôle. Nous nous donnons rendez-vous pour boire un verre en fin d'après midi avec Tony aussi qui est finalement déjà là lui aussi ! Nous repartons pour la vallée des cheminées des fées située un peu plus loin et nous arrêtons d'abord à une supérette de bord de route. Le commerçant est attablé devant la boutique avec son frère qui parle parfaitement français, c'est plaisant ! Il y a vécu en France durant 15 ans et l'a quittée il y a... 30 ans ! Mais grâce au tourisme et à la télé en français il entretien son niveau. Il a été un des premiers hôtelier de Cappadoce, désormais quasiment chaque maison est un hôtel ou une pansyon... Mais le tourisme bat un peu de l'aile ces dernières années. Du fait du terrorisme islamique et de la guerre en Syrie, les touristes boudent la Turquie par peur, mais il n'y a pas de problème en Turquie nous assurent-ils, nous ne pouvons qu'être d'accord avec eux ! Ceci nous avait déjà été relaté par un vendeur de livre devant le temple d'Artémis à Selçuk. Nous discutons un moment et il nous demande ce que nous pensons de Macron, en général les Turcs nous disaient toujours "Macron, good !" (en rigolant, on s'est dit qu'on aurait pu emmener des photos du président à distribuer comme cadeau... comme un certain OSS 117 avec celles du président Coti). Il finira par nous avouer qu'ils en ont vraiment marre d'Erdoğan mais - chhhut ! - son frère lui fait signe... les murs ont des oreilles, il ne faut pas trop en dire. Triste ambiance dans ce si beau pays qui vire à la dictature. Nous apprenons par la même que des élections présidentielles auront lieu le 24 juillet, nous sommes surpris de ne pas le savoir mais nous comprendrons plus tard que ce sont des élections anticipées qui venaient juste d'être annoncées.
De retour sur Göreme nous retrouvons donc Lynn, Robert, Tony et Philippe (un autre français en voyage en vélo vers l'Asie Centrale), nous prenons un çay dans le troquet le plus local possible, vu que tout est très touristique dans cette ville. Chacun relate ses aventures turques, Tony a subi un bel échec au bord du lac Tuz (il n'a pas vu de sel et à fait 40km de piste pourrie) et, Lynn et Robert sont passés maîtres dans le "camion-stop" (ils ont fait Antalya – Nevşehir via Beyşehir en 4 jours et 6 camions !). Sympathiques retrouvailles, ils ont rencontré Tony à Shköder chez Chuck, de même pour nous... et nous avons pris contact avec Tony après que Lynn m'ait ajouté au groupe WhatsApp des cyclos allant vers l'est... c'est marrant. Chacun retourne à son logement pour la nuit, nous ne savons ni où ni quand nous nous reverrons. Nous passons une super bonne nuit dans le petit dortoir de l'auberge, les matelas sont hyper confortables, ça nous fait un bien fou (nous sommes levés depuis 4h30 donc quelque peu fatigués !).
On profite de la terrasse de l'auberge toute la matinée, le coin est super agréable, le çay à volonté, il y a le wifi... Tony vient se joindre à nous. Nous rencontrons Charly un anglais, la soixantaine, baroudeur et sportif. Il a été au CAF de Toulouse, a fait 2 fois la HRP (Haute Route Pyrénéenne), fait de nombreux voyages en vélo et treks. Il nous fera bien rire lorsqu'on parle d'équipement de vélo en nous disant: "if you are too old for competing in le Tour de France that is to say more than 38, and under 70, you are not allowed to wear a lycra!". Le short de vélo moulant n'est pas un style très recommandable selon lui (le "borat" encore moins).
Nous levons le camp à la mi-journée, nouvel au revoir à Tony, nous nous dirigeons vers Derinkuyu où se trouve la plus grande ville souterraine visitable. Les villes souterraines sont légions en Cappadoce, 150 à 200 ont été découvertes à ce jour. Elles datent environ du IVe siècle et elles servaient d'abri contre les nombreux pillages qui eurent lieu dans la région. Après un détour inutile et fatiguant nous nous retrouvons sur la route principale menant à Derinkuyu... une 4 voies bien entendu ! Camions hyper-nombreux, vacarme continue (notamment dû à la piètre qualité du revêtement) viennent rapidement à bout de nos nerfs et nous rendons les armes à Kaymakli où il y aussi une ville souterraine à visiter et qui se situe 10km avant. C'est vraiment impressionnant de se balader dans les tunnels et les différents étages de la ville. C'est probablement la plus grande qui ait été découverte (mais seuls 4 étages se visitent), un conduit d'aération d'époque dont nous ne voyons pas le fond nous laisse imaginer la profondeur maximale de la ville.
Après cette pause culturelle, nous poursuivons par des petites routes et passons dans une sorte de canyon creusé par l'érosion, nous traversons le village de Mazi qui a aussi sa ville souterraine, toutes les parois rocheuses environnantes sont percées de trous. Nous grimpons sur une colline et nous trouvons un champ pour passer la nuit, il n'y a pas un chat dans le coin et nous avons une vue dégagée à 360°.
Notre dernière étape prévue en Cappadoce est le village de Soğanli où j'ai lu qu'il y avait de nombreuses églises troglodytes, il est assez loin de Göreme donc assez peu de touristes s'y rendent. La route est superbe et calme, nous descendons à toute allure dans le canyon où se situe le village, long de 20 ou 30km. On voit bien que les falaises dominant le canyon sont encore percées, encore des vestiges des habitats troglodytes. Nous arrivons à Soğanli, nous sommes carrément seuls, nous visitons à pied le coin et les églises creusées dans la roche dont les peintures sont encore apparentes. Malheureusement, elles sont bien abîmées par les années et les "grafitis" réalisés par les visiteurs... dont certains datent de la fin du XIXe. Le grafiti ne date pas d'hier ! Les villageois habitaient toujours des maisons troglodytes il y a une vingtaine d'années, mais ils ont été relogés pour conserver le site. De nombreuses églises sont probablement encore cachées sous les sédiments accumulés durant ces dernières centaines d'années.
Très bon moment au calme dans ce superbe lieu puis déjeuner dans un petit restaurant à l'ombre des arbres où nous goûtons nos 1ers gozleme, fine galette de blé cuite sur la pierre et fourrée avec patates, épinards ou fromage... Le coin est idéal pour une petite sieste. Quelques groupes arrivent pour manger, il est tant pour nous de partir, nous devons être à Kayseri le soir car nous avons trouvé des hôtes warmshowers pour tout le weekend, nous comptons sur le "camion-stop" pour arriver à temps ce vendredi soir.
Nous rejoignons Yeşilhisar et la grande route, idéale pour le stop. Nous nous postons à la sortie de la ville et tendons le pouce, un premier camion s'arrête mais il n'a pas de place pour le tandem (on se demande pourquoi il s'est arrêté). Quelques minutes plus tard - bingo !, c'est un petit camion de livraison qui voyage à vide qui nous prend. Georges est sanglé à l'arrière (vraiment une bonne idée d'amener une sangle !). Le chauffeur est sympathique et parle quelques mots d'anglais. Il nous déposera à l'entrée de Kayseri à 5km de la gare routière où nous avons prévu de passer pour trouver un bus pour Erzurum.
Réédition de la galère pour acheter un billet de bus et être sûrs que le tandem va rentrer... le tout en turc. J'obtiens 2 billets pour le dimanche soir, bus de nuit donc. Ca nous ne enchante guère mais à priori pas le choix. Un jeune homme de la compagnie de bus (je soupçonne que je l'ai bien fait marrer avec mon semblant de turc) vient voir le tandem avec moi, à priori c'est ok en le démontant. Je lui fais confirmer et aussi m'assurer qu'il sera là le dimanche soir, c'est le cas. Pendant ce temps Clarisse discute avec un jeune homme cycliste qui lui parle de prendre le train : moins cher et plus simple pour les vélos, dilemme ! Je retourne voir mon "ami" de la compagnie de bus pour voir s'il est éventuellement possible d'annuler le billet dans le cas où on voudrait prendre le train, je ne suis pas sûr qu'il ait compris ma question mais retourne avec moi dehors pour revoir le tandem. Du coup nous allons à la gare de trains pour voir les horaires et tarifs, nous roulons un long moment avant d'y arriver, heureusement elle est située du même côté de cette ville d'1.5 millions d'habitants que la gare routière. La gare est minuscule pour la taille de la ville, alors que la gare routière ressemblait à un aéroport ! Il y a un train par jour pour Erzurum à 0h48 et impossible d'être sûrs pour les vélos... bon, on va rester sur le bus et vu qu'il est à 22h, si problème on aura le train en 2e option !
On boit un coup au "café de la gare" car le coin est calme et nous repartons pour une longue traversée de la ville jusque chez nos hôtes, c'est vraiment immense. Que c'est pratique d'être en tandem avec Clarisse qui nous oriente (GPS en main) pendant que je peux me concentrer sur la route... et les autres véhicules. Nous en voyons une d'improbable, du genre une voiture sans portes mais qui roule, on dirait une carcasse récupérée à la casse dans laquelle on a remis un moteur !
Nous arrivons finalement à l'adresse que Emrah m'a envoyée, c'est sa femme Nilgüne qui vient nous accueillir. Elle parle parfaitement anglais, super ! Nous rangeons le tandem et montons dans leur appartement propre et moderne, nous avons peur de salir avec nos sacoches poussiéreuses. Fun fact : l'appartement possède deux toilettes, un occidental et un "turc", nous n'avons pas l'habitude de voir ce dernier aussi propre et avec un joli carrelage ! C'est le grand luxe, nous avons une chambre pour nous et nous sommes accueillis comme des rois. Ils ont deux enfants, Nesgi, 12 ans qui comprend l'anglais et, le mignon petit Ozan 2 ans et demi. Dès ce 1er soir, Nilgüne nous régale avec un plats typique de Kayseri. Sa cousine qui a deux ans de moins que Clarisse est là aussi, elle ne parle pas anglais et nous saurons plus tard qu'elle se lance dans la production et la vente de "thé de vers", engrais liquide natuel et sur-puissant issu du lombricompstage... sujet que nous connaissons bien !
Nous passons un excellent weekend reposant en leur compagnie et nous nous lions vraiment d'amitié avec eux. Ils nous emmène à la station de ski du Erciyes qui domine majestueusement la ville. C'est probablement la plus grande station de ski de Turquie, nous buvons un café au restaurant d'altitude en haut de la télécabine à 2200m, c'est assez inattendu de se retrouver là. Puis ils nous font visiter le quartier historique de Talas qui a été peuplé par des grecs et est désormais un repère de petits cafés. Les petits déjeuners sont gargantuesques, nous en profitons largement et nous nous régalons. Nous faisons tout de même des crêpes histoire de participer mais autrement ils ne nous laissent presque rien faire, et rien payer : nous sommes les invités ! Nous mentionnons notre goût pour les baklava, nous en avons le soir, nous parlons des simits, nous avons à emporter le dimanche en partant... vraiment quel accueil !! Nous sommes leurs 1ers warmshowers et nous avons vraiment de la chance d'être là. Nous en apprenons plus sur la Turquie et nous discutons de nouveau du climat politique actuel. Emrah est vraiment remonté, il ne veut même pas aller voter le 24 juin car les dès sont pipés selon lui. Nilgüne est plus modérée et nous dit que le gouvernement n'a pas à juger de la pratique de la religion de chacun : elle est croyante et prie mais boit aussi parfois, vit à l'occidentale et ne porte pas le voile, pour elle c'est "Lui" qui jugera de ses actes...
Les adieux sont un peu tristes, on est devenu des amis, on a été traités comme des membres de la famille, nous espérons vraiment pouvoir les accueillir en France comme ils l'ont fait.
Le trajet vers la gare routière nous prendra quasiment 1h avec une petite pause au centre ville pour admirer les vieux bâtiments Seldjoukides. Nous avons le temps avant le bus (qui est à 22h) mais nous ne voulions pas faire la route de nuit. Cela nous permet de manger, Nilgüne ne nous ayant pas laissé partir sans rien, et de préparer Georges pour le bus. Mon pote de la compagnie de bus nous voit et nous salue chaleureusement et oui, on est bien là ! A 21h30 nous nous dirigeons vers le quai pour attendre le bus qui arrive d'Antalya (d'où le fait que rien ne garantisse la place pour le tandem), et là qui voyons-nous ? Emrah, Nilgüne et Ozlan qui sont venus nous dire au revoir, je l'avais pressenti ! Nous sommes touchés et heureux de les revoir une dernière fois. Ils nous aident à charger le tandem dans le bus. C'est bon, tout rentre (mais heureusement qu'on peut le démonter). Nouveaux aurevoirs, et nous voici en route pour un saut de 600km vers l'est, direction Erzurum !
Les photos de cette 2e partie de la Turquie sont ajoutées ici
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